Le Temps agences - Les Suisses se sont prononcés favorables hier par référendum à la proposition de la droite populiste helvétique d'interdire la construction de minarets. Pour le gouvernement helvétique, les milieux d'affaires et toute la classe politique de la gauche au centre-droit, une interdiction des minarets "susciterait l'incompréhension à l'étranger et nuirait à l'image de la Suisse". Après les affiches appelant à bouter les "moutons noirs" étrangers hors de Suisse, la propagande de la droite populiste a encore fait scandale : ses affiches représentent une femme complètement voilée devant le drapeau suisse couvert de minarets, dont la silhouette stylisée évoque des missiles. Cette image "attise la haine", a dénoncé la Commission fédérale contre le racisme (CFR), un organisme public consultatif, tandis que le Comité des droits de l'homme de l'ONU s'est inquiété de cette campagne d'"affiches sinistres". Les Eglises catholique et protestantes, tout comme les représentants de la communauté juive et musulmane, ont unanimement condamné le projet. "La peur est mauvaise conseillère", ont mis en garde les évêques catholiques. Face à ce tir de barrage, les partisans de l'interdiction n'en démordent pas et répètent qu'il ne s'agit pas de priver les musulmans de lieux de culte, mais de refuser un "symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux". La Suisse compte, selon les dernières statistiques gouvernementales, quelque 400.000 musulmans, dont 50.000 pratiquants, sur une population de 7,5 millions d'habitants, faisant de l'islam la deuxième religion du pays après le christianisme. Jusqu'ici quatre minarets ont été construits à côté de mosquées en Suisse.