* Mort d'un père-blanc, Jean Baptiste * Des milliers de livres et de recherches carbonisés Drame pour la culture. Drame pour les intellectuels et les chercheurs. Drame pour le monde de la culture. La bibliothèque " Ibla " située dans l'ancienne Médina rue " Jamaâ El Houa " a été ravagée, mardi, par un grave incendie. Le frère Jean Baptiste père-blanc qu y " travaillait " y a péri. C'est une catastrophe parce que la moitié des livres, c'est-à-dire des milliers de livres sont détruits. Fondée le 18 novembre 1926 " Ibla " dont le nom édite pareillement deux revues (en arabe et en français) est un haut lieu de la recherche littéraire et anthropologique. C'est aussi le creuset de ce foisonnement des cultures de la tolérance et du dialogue des religions. C'est surtout une source, une référence pour ceux qui mènent des recherches sur la culture arabo-musulmane et sur son positionnement par rapport aux autres cultures. " C'est une perte et une catastrophe incommensurables, déclare à notre consœur Assabah, Tahar Ben Yahia. Cette bibliothèque fait partie de la mémoire de plusieurs générations, compte tenu des études et des recherches qu'elle a toujours offert dans tous les domaines du savoir et, particulièrement dans les sciences humaines. Certains documents remontent même au XIXe siècle et au début du XXe siècle comme les écrits du philosophe Renan. Cette bibliothèque a toujours rendu de grands services, grâce à l'extrême disponibilité comme le regretté " Roger Maury ", Jean Fontaine ou encore le père André et le père Fred, et cela reflète les valeurs de dialogue et de tolérance sur lesquelles est fondée cette prestigieuse bibliothèque ". Le monde de la culture est en émoi, en somme. Le chercheur universitaire, Mohamed Mahjoub évoque même l'incendie de la librairie d'Alexandrie. " Les manuscrits et les livres rares que contient ou contenait en grande partie la librairie " Ibla " sont irremplaçables ", ajoute-t-il. Cette catastrophe interpelle les consciences. Il est de notre devoir à tous d'essayer de réparer le mal et, surtout, de le prévenir. Ces bijoux ont besoin d'être protégés, soutenus et entretenus. Ils ont aussi besoin qu'on en parle, que nos jeunes les connaissent et y accèdent. Car, jusque-là, nous avons comme l'impression que ces bibliothèques tombent dans l'oubli collectif, ou sont éclaboussées par " le prêt-à-porter culturel ". Faut-il attendre qu'un incendie se déclare dans l'une d'elle pour en parler ? R.K (d'après des éléments d'informations fournis par Assabah)