Le Temps-Agences - Au moins 27 personnes ont été tuées et 30 blessées hier à Ramadi, foyer de l'insurrection sunnite en Irak, dans un attentat suicide avec un camion rempli de chlore et de TNT, la plus grosse attaque avec des produits chimiques depuis l'invasion américaine en 2003. L'attaque intervient alors que de violents accrochages ont opposé des miliciens radicaux chiites de l'Armée du Mahdi aux forces irakiennes et américaines à Diwaniyah (180 km au sud de Bagdad). "Le camion était rempli de tonnes de chlore et de TNT, recouvert de sacs d'engrais", a précisé un policier. Le kamikaze s'est lancé contre un poste de police mais il s'est fait exploser "à 200 mètres de là, près de la zone résidentielle d'Al-Tamin", a-t-il précisé. L'explosion s'est produite près d'un marché et d'immeubles habités. Il y a trois semaines déjà, un attentat au camion transportant du chlore avait été perpétré Ramadi et deux autres attaques similaires avaient été commises le même jour à Falloujah, faisant plusieurs morts et 350 blessés ou intoxiqués. Ramadi et Falloujah sont les principales villes de la province d'Al-Anbar (110 km à l'ouest de Bagdad), le plus grand foyer d'insurrection sunnite dans le pays. L'insurrection a recours depuis janvier à l'utilisation de produits chimiques. Plusieurs attaques avec des produits chimiques ont eu lieu à Bagdad et dans la province d'Al-Anbar, alors que les forces de sécurité et les troupes américaines ont déjà saisi plusieurs caches contenant du chlore ou de l'acide nitrique. A Diwaniyah, au moins une personne a été tuée et 19 ont été blessées au cours des affrontements entre les forces de sécurité et les partisans du leader radical chiite Moqtada Sadr. Quelque 1400 soldats irakiens ainsi que la 25e division aéroportée américaine ont été mobilisés pour cette opération baptisée "Aigle noire" présentée comme une "réponse à la violence qui menace de déstabiliser la région", selon un communiqué de l'armée américaine. Les forces de sécurité irakienne et des soldats américains ont lancé diverses opérations, fouillant des maisons, arrêtant des suspects, et utilisant même des frappes aériennes. Les troupes se sont heurtées à plusieurs reprises aux miliciens et un couvre-feu a été décrété. Des hélicoptères américains ont largué des feuilles volantes appelant "les policiers irakiens à rester chez eux jusqu'à nouvel ordre", selon un témoin. Les Américains se sont montrés satisfaits de la volonté politique irakienne: "au lieu faire preuve d'instabilité et de céder à l'intimidation, le gouvernement irakien et ses forces de sécurité ont agi et répondu avec courage aux menaces de la milice", a souligné le colonel Michael Garrett. Ces affrontements sont "la conséquence des raids (opérations) et arrestations par des troupes d'occupation de membres de l'armée du Mahdi", a déclaré le mouvement de Moqtada condamnant également "l'entrée soudaine et injustifiée des troupes d'occupation dans des zones résidentielles". Par ailleurs, l'Armée islamique en Irak, un des principaux groupes de la guérilla sunnite du pays, a appelé le chef du réseau terroriste Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, à intervenir pour mettre fin aux agissements de la branche irakienne de ce réseau. De son côté, le Premier ministre Nouri Al-Maliki a ordonné que des emplois et des retraites et pensions soient octroyés aux membres de l'ex-parti Baâth qui ont fait l'objet d'une épuration en 2003. Cette mesure vise notamment à faire revenir dans la légalité les anciens baâthistes ayant rejoint l'insurrection.