Le Temps Agence- La Syrie et l'Iran ont affiché leur unité et raillé les propos de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui appelait mercredi Damas à prendre ses distances avec Téhéran. Le président syrien Bachar el Assad et son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad, en visite à Damas, ont signé un accord bilatéral supprimant les visas de voyage entre leurs pays, avant d'assister à une cérémonie religieuse dans la capitale syrienne. Mercredi, Hillary Clinton avait, lors d'une intervention au Sénat américain, demandé à la Syrie de "commencer à prendre ses distances dans sa relation avec l'Iran" et de cesser de soutenir le mouvement chiite libanais du Hezbollah, également appuyé par Téhéran. "Nous avons du mal à comprendre Clinton, soit à cause d'une mauvaise traduction, soit parce que nos compétences sont limitées, alors nous avons signé cet accord pour supprimer les visas", a déclaré Assad. "Je trouve étrange qu'ils (les Américains) parlent de la stabilité, de la paix et d'autres beaux principes au Moyen-Orient et qu'en même temps ils appellent deux pays à s'éloigner l'un de l'autre", a-t-il ajouté. Bachar el Assad s'exprimait lors d'une conférence de presse commune avec Mahmoud Ahmadinejad. "Clinton dit que nous devons garder nos distances. J'affirme qu'il n'y a aucune distance entre l'Iran et la Syrie", a assuré ce dernier. "Nous avons les mêmes objectifs, les mêmes intérêts et les mêmes ennemis. L'ampleur de notre coopération s'accroît de jour en jour", a-t-il poursuivi. Assad a apporté son soutien à l'Iran dans le conflit diplomatique qui oppose la République islamique aux puissances occidentales au sujet de ses activités nucléaires. Selon le président syrien, les pressions subies par Téhéran sont une forme de "néo-colonialisme". Les relations entre la Syrie et l'Iran se sont resserrées après la Révolution islamique de 1979, qui a porté le clergé chiite au pouvoir à Téhéran. Etat laïc, la Syrie est le seul pays arabe à avoir soutenu l'Iran lors de la guerre de 1980-1988 contre l'Irak. Les liens entre les deux pays sont cependant mis à l'épreuve par les gestes syriens en direction d'un éventuel accord de paix avec Israël ainsi que par l'hypothèse d'une frappe de l'Etat juif sur les installations nucléaires iraniennes. Téhéran n'a pas caché son mécontentement après la participation de la Syrie en 2007 à la conférence d'Annapolis, que les Etats-Unis organisaient dans l'espoir de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Les autorités de Damas avaient alors aussitôt souligné que la Syrie était un pays souverain et non un représentant de l'Iran. De plus, si le gouvernement syrien a clairement pris position contre toute attaque israélienne sur l'Iran, Damas a souligné ne pas avoir l'intention de prendre une quelconque part dans un conflit entre l'Etat juif et la République islamique. Mercredi, Hillary Clinton avait jugé "profondément inquiétants" les liens entre la Syrie et l'Iran et appelé Damas à cesser d'armer le Hezbollah, ce que la Syrie dément formellement faire. Elle avait également demandé à Damas de reprendre ses négociations de paix avec Israël. Les pourparlers indirects entre les deux pays, sous médiation turque, ont cessé au moment de l'intervention israélienne dans la bande de Gaza, en décembre 2008-janvier 2009. Les Etats-Unis ont désigné à la mi-février un ambassadeur en Syrie, poste qui était vacant depuis cinq ans.