La restructuration financière et la mise à niveau des entreprises productives tunisiennes ont fait l'objet de plusieurs et longs programmes d'assistance, d'accompagnement et de financement. Après 14 ans de mise à niveau, des millions et des millions de dinars tunisiens et d'euros ont été mis à la disposition de l'unité productive. Les entreprises tunisiennes souffraient, pour la plupart, d'un déficit chronique de leurs bilans financiers, d'une taille critique, d'une faible compétitivité et d'un faible taux d'encadrement. Après le programme de mise à niveau, le programme de modernisation industrielle, le programme de création d'entreprises, le programme de coaching, le programme de promotion de la qualité et la finalisation des structures d'appui…la question qui se pose est la suivante : l'entreprise industrielle tunisienne a-t-elle réussi à corriger les faiblesses explicites et implicites et a-t-elle gagné le pari de la compétitivité ? Le début de l'année 2010 marque le début d'une nouvelle étape du programme de mise à niveau (PMN), la fin du programme de modernisation industrielle (PMI) financé par l'Union Européenne et le lancement d'un nouveau programme baptisé : Programme d'appui à la Compétitivité des entreprises et à l'amélioration de l'accès aux marchés (PCAM). Selon les chiffres annoncés récemment par M.Afif Chelbi, ministre de l'Industrie et des Technologies, 3000 entreprises ont bénéficié du PMN depuis son lancement sur 5400 MDT approuvés, mobilisant une enveloppe d'investissement de 5238 MDT et des primes de l'ordre de 328 MDT dont 95 MDT financés par l'Union Européenne. Le PMN a permis de doubler le taux d'encadrement pour passer de 9% en 1995 à 19% en 2009. Les exportations industrielles sont passées de 4 milliards de dinars à 16% au cours des 14 dernières années. Le nombre d'effectifs dans l'industrie est passé de 236.000 emplois en 1995 à 488.000 employés en 2009 dont 350.000 opérants dans les entreprises exportatrices. En matière de qualité, 1300 entreprises sont certifiées aujourd'hui contre 6 seulement en 1995. Le bilan du programme est dans l'ensemble positif, même si les résultats enregistrés pourraient être meilleur. Après 14 ans de mise à niveau, d'assainissement financier et de restructuration de fonds, le nombre d'entreprises mis à niveau reste insuffisant pour permettre à l'unité productive de gagner le pari de la compétitivité et être au diapason de la concurrence étrangère. Bon nombre d'entreprises restent vulnérables aux chocs interne et externe et sollicitent davantage de soutiens matériels et immatériels. 1234 entreprises bénéficiaires du PMI S'agissant du PMI lancé en 2003 sous forme d'un don de 50 millions d'euros accordé par l'UE, il est venu compléter l'effort de mise à niveau. La fin de l'année a marqué l'achèvement du PMI. Au total, 1234 entreprises ont bénéficié du programme au cours des six dernières années nécessitant 47000 hommes/jour d'expertise nationale et internationale. Sur les 1234 entreprises, seulement 84 ont bénéficié du financement du PMI pour un budget alloué de 0,5 millions de dinars. Le programme a essentiellement soutenu les composantes : innovation et qualité. En effet 29 millions de dinars du budget total (soit 40 MDT), ont été alloués aux actions de développement par l'innovation, de la qualité, de la normalisation et de la métrologie. La fin du PMI, a annoncé le début d'un nouveau programme d'appui. Il s'agit en fait du Programme d'appui à la Compétitivité des entreprises et à l'amélioration de l'accès aux marchés (PCAM). Le programme mobilisant un budget de 23 millions d'euros démarrera au cours du quatrième trimestre 2010 et durera 4 ans. L'unité d'appui au programme sera mise en place au cours du mois de mai 2010. Sensibilisation, formation et assistance seront les principaux champs d'intervention du programme. Par ailleurs et pour promouvoir le nombre d'entreprises innovantes et à forts potentiels technologiques, un fonds commun de placement à capital risque dans le domaine de l'innovation et du développement technologique a été ordonné par le Président de la République. 50 MDT ont été alloués à ce FCP, destiné à financer essentiellement les projets innovants et les projets à forts apports technologiques. L'enchainement des programmes de soutien et d'appui aux entreprises industrielles dénote l'intérêt particulier accordé aux unités productives, épine dorsale de l'économie, créatrices de richesses et génératrices d'emplois. Toutefois et en dépit de l'éventail de programmes et de mesures mis en place en faveur de l'unité productives, certains promoteurs déplorent toujours les problèmes de financement, les entraves administratives paralysant le lancement de leurs projets, certaines pratiques et l'inégalité des chances entre les entreprises de la capitale et les entreprises opérant dans les régions. D'autres entreprises qui se lancent dans des projets à forts potentiels technologique trouvent de grandes difficultés elles aussi. En effet, le pouvoir monopolistique de quelques grandes firmes qui opèrent sur le marché paralyse l'activité des « start-up » et fausse la concurrence. Certains jeunes promoteurs trouvent ainsi des difficultés à dénicher des marchés, à asseoir leurs projets et, surtout, à les pérenniser.