Le volcan islandais a fait pire qu'assombrir le ciel opaque européen. Il a ébranlé des équilibres politiques déjà précaires opposant - scénario classique - les intérêts des économistes, revendiqués avec véhémence par les compagnies aériennes, et les impératifs sécuritaires, leitmotiv légitimement scandé par les politiques. Si cette paralysie coûte quelque 147 millions d'euros par jour aux compagnies aériennes, on s'imagine bien que la toute puissante Association Internationale du transport aérien a crié à la surenchère, accusant les gouvernements d'ostracisme et minimisant carrément l'éruption islandaise. Il y en a même qui sont allés jusqu'à crier au montage " sciemment échafaudé pour jeter de l'huile sur le feu du transport aérien " et y amplifier la psychose, réplique fictive de celle du 11 septembre 2001. Et pourtant, le syndicat des pilotes européens (EGA) a fini par se prononcer (hier, c'est-à-dire, avec un retard cafouilleux), réaffirmant l'impératif suprême, vital et impérieux de la sécurité. Ses 38 mille pilotes et autres personnels navigants ont bien précisé, en l'occurrence, avoir fait l'expérience des " effets extrêmement abrasifs et obstruants de tels nuages ". Et cela alors même que des compagnies néerlandaise, allemande et britannique procédaient à des vols-test, sans passagers. Jusqu'à 8 mille mètres, il n'y a pas de cendres volcaniques, précise-t-on du côté de Lufthansa. On voit donc bien le rapport : l'influente IATA, celle qui défend les intérêts des compagnies accuse les gouvernements d'avoir transformé un nuage en brouillard politique. A quelles fins ? Dans quel intérêt ?.... Et s'il n'y avait eu qu'un seul crash et que la fermeture du ciel européen n'avait pas été décrété ? L'IATA en aurait accusé les politiques ! Cela dit, les chiffres des pertes sèches sont, dit-on exagérés. Même le chiffre de 3,8 millions de dinars prétendument perdu par Tunisair doit être relativisé. Ce genre d'opérations est complexe. Certes, nous ne sommes pas dans une zone impactée et nos vols sur le Maghreb et ailleurs que sur l'Europe n'ont pas été interrompus. Et puis, la petite taille de Tunisair comparée à celle des mastodontes européens représente un avantage. Et c'est l'avantage de la réactivité, entre autres : sitôt a-t-on annoncé l'ouverture de Nice, Marseille et Toulouse que Tunisair y a dépêché ses avions. Ce qui est sûr c'est que nous ne nous brûlerons pas les ailes...