Le 21 mai 2010, le coup d'envoi de la 8ème édition du « Printemps des Arts Plastiques » de la Marsa a été donné au Palais Abdelliya. Mais cette manifestation, qui ne cesse de se développer à travers les ans, est une fête globale. En effet, plusieurs galeries de la banlieue nord participent à la manifestation en ouvrant leur espace aux artistes venus d'ici et d'ailleurs. Cette année, outre les lieux coutumiers tels que le Palais Essaâda, le Palais Abdelliya, l'Espace Sadika, les galeries Artyshow et El Borj, la nouvelle venue est la galerie le Cap à Gammarth. Le Printemps des Arts se veut ainsi un festival sous le signe de l'art. La huitième bougie Huit années se sont écoulées depuis le lancement de la première édition en 2003. Elle était timide. Elle occupait trois espaces et donnait la parole aux jeunes artistes émergents. Au fil des ans, le « Printemps » s'est imposé sur la scène artistique et culturelle. Si certaines sessions étaient en de ça des attentes, les dernières années marquent un retour en force par la qualité, le nombre de participants et la festivité drainent de plus en plus d'artistes confirmés et d'autres dont le nom s'affirme dans la sphère plastique. Les éditions muent, changent de lieux, se ramifient et s'imposent mais le credo premier demeure intact. En effet, pour cette 8ème session, la parole est toujours donnée aux graines d'artistes ; et c'est, comme de coutume, le palais Essaâda qui accueille ces jeunes expressions dans le cadre d'un concours qui récompense la créativité et la perception originale, annonciatrice d'un renouveau dans le paysage artistique. Cette nouvelle session est placée sous le signe de la découverte ou de la redécouverte de la vision esthétique que caractérise et rend si singulière le travail du plasticien.
L'hommage en rituel Une autre tradition a été maintenue, celle de rendre hommage à quelques artistes. Cette année, Lamine Sassi et Mohamed Ali Belkadhi sont les invités d'honneur. Une carrière accomplie et une volonté sans faille d'imprimer sa propre griffe rendent les œuvres des deux artistes incontournables. Lamine Sassi flirte avec les couleurs faisant émerger de la masse chromatique les silhouettes : contours d'êtres et de choses qui s'achemine vers un impressionnisme teinté d'abstraction. Mohamed Ali Belkadhi se veut un messager oeuvrant pour la paix. Son œuvre hèle plusieurs expressions artistiques : peinture, photographie ou sculpture. Dans son travail Mohamed Ali Belkadhi mêle le sérieux et l'humour. Le rire sous cape que suscite la toile parfois, renferme dans sa profondeur le tragique de la condition humaine. D'autres artistes viennent côtoyer les deux plasticiens dans les diverses salles du palais Abdelliya. Mais en sortant de ce lieu de toutes les rencontres, d'autres espaces nous invitent à rejoindre les toiles d'autres peintres.
Des lieux et des couleurs Si le palais Abdelliya draine un public nombreux, les autres espaces, eux, offrent une jovialité non dénuée de sérieux. Chez Mongi Maâtoug, exposant à la galerie El Borj, l'univers se décline en couleurs. Une profusion de chromatiques diverses s'interpellant dans le silence. Mais le brouhaha des coloris happe l'œil. Le magma de teintes nous entraîne dans une dynamique inhérente à l'œuvre. L'« Affleurement » (titre de l'exposition) nous pénètre pour transcender nos souvenirs les plus profonds et nos fantasmes inavoués. Sous le titre «Des singes et des hommes» à Artyshow, Mohamed Chelbi invite le visiteur dans un monde primitif peut-être où l'homme et l'animal se ressemblent et se confondent. Les singes sont humanisés et les êtres se déshumanisent. Sous le pinceau de Mohamed Chelbi, l'ordre des choses se transforme et une question taraude l'esprit : l'homme a-t-il réellement changé au fil du temps ou le comportement demeure-t-il immuable à travers les siècles ? Sous l'apparente figuration se cache un questionnement sur le rôle de l'homme dans la société moderne. A l'Espace Sadika comme à la galerie Le Cap, c'est une exposition de groupe qui est proposée aux amateurs. Les toiles exposées retracent l'histoire de l'art à travers les différentes écoles et les diverses expressions artistiques. Enfin, les murs du palais Essaâda sont tapissés des œuvres d'artistes en herbe. A travers leurs travaux, se profile l'espoir dans l'avenir de la scène plastique tunisienne. Prometteuse, La 8ème session du Printemps des Arts de la Marsa offre aussi bien aux spécialistes qu'aux profanes une manière de dire, d'écrire, de lire et de regarder l'art dans tout ce qu'il a de splendide et de mystérieux. Raouf MEDELGI