Le Temps-Agences - L'éventualité de l'introduction d'un scrutin à la proportionnelle pour les législatives a fait hier l'objet d'une controverse entre le Parti socialiste et l'UMP à six jours du second tour de la présidentielle. Le centriste François Bayrou, dont l'électorat est convoité tant par Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy, avait fait figurer dans son programme la promesse de faire cohabiter à 50-50 la proportionnelle et le scrutin majoritaire pour désigner les députés. Nicolas Sarkozy a promis lors d'un meeting avant-hier à Paris d'étudier la possibilité d'introduire "un peu" de scrutin proportionnel pour l'élection des députés à Assemblée nationale, alors que le programme législatif de l'UMP n'envisageait jusqu'ici cette possibilité que pour le Sénat. Ségolène Royal a estimé que cette proposition était comme une "perche tendue vers le Front national". "Il y a quelques jours, il n'en était pas question et aujourd'hui je crois qu'il cherche à capter surtout les voix du Front national. C'est une perche tendue vers le Front national", a déclaré la présidente de Poitou-Charentes qui était l'invitée des "Quatre vérités" hier sur France 2. La candidate socialiste a aussi souligné que son rival avait "une nouvelle fois changé d'avis à quelques jours d'intervalle". Les porte-parole de Nicolas Sarkozy ont alors accusé Ségolène Royal de "procès d'intention", rappelant que "la quasi-totalité des forces politiques et des candidats à la présidentielle", dont Ségolène Royal, ont proposé l'introduction d'une dose de proportionnelle "dans l'une ou l'autre des deux chambres du Parlement". "Au nom de quoi cette idée serait-elle appréciée différemment selon qu'elle est avancée par Nicolas Sarkozy ou par d'autres candidats ? Il y a là une mauvaise foi évidente", estiment les deux porte-parole. Le ministre de l'Intérieur François Baroin a pour sa part pris la défense du mode de scrutin majoritaire. "S'il y a une proportionnelle, elle ne peut pas être dominante, car ce qui est important dans notre fonctionnement c'est d'avoir une majorité pour gouverner et on sait que c'est le scrutin majoritaire et non pas le scrutin proportionnel qui donne les moyens d'agir", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1. Il a toutefois estimé que la proportionnelle avait l'"intérêt" de fournir "la photographie la plus objective de ce que représentent les courants de pensée politiques". Le débat sur la proportionnelle avait été relancé une première fois avant le premier tour par Brice Hortefeux, le ministre délégué au Collectivités territoriales. Ce proche de Nicolas Sarkozy s'était prononcé pour "une dose de proportionnelle" à côté du scrutin majoritaire à deux tours. Cette proposition avait été considérée à ce moment-là comme un appel du pied aux électeurs du Front national et l'UMP avait fait dire que la proposition de Brice Hortefeux n'engageait que lui. Les élections législatives de mars 1986, qui s'étaient déroulées à la proportionnelle à partir de listes départementales, avaient permis l'élection de 35 députés du Front national dont trois apparentés. "A l'époque, François Mitterrand était président de la République et Ségolène Royal était sa collaboratrice. Le PS et sa candidate sont donc bien mal placés pour donner des leçons dans ce domaine", font valoir Rachida Dati et Xavier Bertrand dans leur communiqué.