Le Temps-Agences - Après dix ans au pouvoir, Tony Blair a annoncé hier qu'il allait quitter ses fonctions de Premier ministre britannique le 27 juin. "Le parti (travailliste) va maintenant désigner un nouveau leader. Le 27 juin, je présenterai ma démission de Premier ministre", a-t-il déclaré sous les applaudissements. Son départ aura lieu une fois désigné son successeur, très probablement son ministre des Finances Gordon Brown. M. Blair avait choisi de faire son annonce depuis le village de Trimdon, la bourgade du nord-est d'où il avait lancé le 11 juin 1994 sa campagne pour devenir chef du parti travailliste, dans sa circonscription électorale de Sedgefield. "Je suis revenu là où mon parcours politique avait commencé, et où il se terminera", a-t-il dit. M. Blair, 54 ans, avait en début de matinée confirmé sa décision à ses principaux ministres. Cette déclaration ne déclenchera pas d'élections anticipées. Le parti travailliste va désigner son nouveau dirigeant lors d'une procédure interne qui devrait durer sept semaines, et ce nouveau leader deviendra automatiquement Premier ministre jusqu'aux prochaines élections législatives prévues en 2009 ou 2010. Le Premier ministre est en effet au Royaume Uni le leader du parti majoritaire à la Chambre des Communes. L'annonce de M. Blair intervient dans la foulée d'un de ses succès majeurs : la remise en route mardi du gouvernement nord-irlandais, où cohabitent désormais protestants et catholiques, avec comme Premier ministre le protestant Ian Paisley. Mais cinq jours plus tôt, son parti avait subi de sérieux revers aux élections locales et régionales. Son annonce de départ sonne en Grande-Bretagne la fin d'une époque marquée par une croissance économique ininterrompue, mais aussi par la guerre en Irak, sur laquelle il a perdu la confiance des Britanniques. Elle n'est en rien une surprise, seule y manquait la date précise. Il y a exactement 952 jours, le 1er octobre 2004, M. Blair avait en effet annoncé qu'il ne briguerait pas de quatrième mandat, avant même la troisième victoire successive de son parti aux législatives - du jamais vu. Son rival et probable successeur Gordon Brown, 56 ans, a largement contribué à faire avancer son départ, en orchestrant un mini-coup au sein du Labour qui en septembre dernier a obligé M. Blair à annoncer qu'il serait parti d'ici à un an. A l'heure du bilan, les Britanniques, qui l'avaient porté au pouvoir dans un raz-de-marée en 1997, jugent sévèrement les années Blair. Ils lui sont à peine gré de la croissance ininterrompue depuis dix ans qui a largement enrichi le pays, du faible taux de chômage ou des vastes réformes dans les services publics (santé, éducation). Ils ne lui ont jamais pardonné la guerre en Irak, pays où sont morts quelque 150 soldats britanniques, et Tony Blair est également jugé sévèrement pour une politique étrangère marquée par un alignement sans faille sur les Etats-Unis. Faute de challenger sérieux, Gordon Brown devrait être désigné d'ici sept semaines dirigeant du parti travailliste. Il hérite d'un parti au plus bas dans les sondages, devancé systématiquement par les conservateurs depuis 18 mois. Ces sondages montrent aussi que les Britanniques lui préfèrent le conservateur David Cameron, 40 ans, dans la perspective des prochaines législatives.