Par Bourguiba BEN REJEB - La Chine vient de décerner son prix pour la paix. Cela tombe bien puisque c'est un ancien vice-président de Taïwan qui en hérite. Il était jusque là inconnu, mais il va probablement gagner à porter le titre baptisé « Confucius » qui doit en faire un héros pour les générations futures. Liu a même gagné face à une forte concurrence où on retrouve, dans le désordre, Nelson Mandela, Mahmoud Abbas et Bill Gates. Les pêcheurs en eau trouble trouvent que cette consécration, et les célébrations qui ne manqueront pas de suivre, vise à laver l'affront perpétré par le Comité du prix Nobel de la paix. Ce dernier a en effet estimé opportun d'attribuer le mérite de la paix dans le monde à un Chinois, pour l'heure en prison à Pékin, pour faits de rébellion contre le régime chinois. Ce citoyen en disgrâce, du nom de Liu Xiaobo, a contesté, forfait impardonnable, les pratiques passablement démocratiques du gouvernement de son pays. Ceci étant, et à tout prendre, le monde aura toujours gagné à promouvoir un championnat de la paix. Quelque part, les dirigeants du monde, pensent donc que la paix est une valeur positive. Un peu comme le sport et son ersatz moral, le fairplay. Le mérite de la paix, version Confucius, consiste à renvoyer en touche pour contester les décisions de l'arbitre. Que certains spectateurs pensent qu'il y a tacle et jeu dur dans les temps morts ne modifie en rien les parties truquées. Après tout, le Nobel du prix du même nom ne fut pas loin des armes à feu et Confucius tenait la paix pour la fille cadette de l'Ordre. Ce qui fait que depuis le temps que les lauréats se succèdent, les perspectives de paix ne cessent de s'éloigner. Encore récemment, les voisins coréens de la Chine ont repris le langage des armes quand des naïfs pensaient que des lueurs de paix commençaient à poindre à l'horizon. Plus près de nous, il n'y a pas un jour où on ne parle pas de paix entre Israéliens et Palestiniens. Rien n'y fait, et la marche de la guerre continue de plus belle. Les faucons israéliens l'emportent sur les colombes de la paix, comme à l'accoutumée. On en vient à penser qu'il faudrait probablement créer le prix du mérite de la guerre. Les nominés ne manquent vraiment pas pour une compétition qui s'annoncerait très rude. L'idée est d'autant plus productive que les faiseurs de guerre disent tout haut que leur premier souci est de gagner la paix. Celle des cimetières, mais on ne s'arrête pas à ce genre de détail. Comme pour le foot, qu'il y ait guerre ou paix, le plus important est de renflouer les caisses, et parfois d'empocher des dividendes.