Raouf KHALSI - [email protected] - Nous ne sommes décidément plus dans les dimensions nationalistes, religieuses et anti-colonialistes du conflit palestino-israélien. Quelque chose doit bouger, en effet, au-delà et par-dessus ces clivages. Car ce conflit, ce drame, est « trop » universel trop historique pour être circonscrit à deux peuples ayant curieusement vécu le même destin. Aujourd'hui, alors qu'Obama fait comme Churchill à Londres, annonçant des jours difficiles à son armée afghane et que le monde libre se voile la face devant l'ampleur de la monstrueuse supercherie irakienne, la Ligue arabe se ré-empare du dossier palestinien, adressant une fin de non-recevoir aux louvoieries américaines, à la rapacité israélienne envers le peuple palestinien. L'ONU est formellement mise au courant. Mais, l'essentiel du comité de la Ligue arabe s'adresse à Washington : c'est de la Maison Blanche, en effet, que doit émaner une offre sérieuse pour la reprise des négociations de paix ! Par ricochet, les Etats-Unis se retrouvent acculés à convaincre les Israéliens de geler les colonies. Tel-Aviv dira encore, non, bien sûr ! Il est trop tôt – sinon trop tard – de croire que les rugissements de la Ligue arabe donneront un sérieux coup de semonce à des négociations n'ayant fait que tourner en rond avant leur interruption. Il n'est pas acquis non plus que ce Niet ébranlera les certitudes expansionnistes des “Etats-Unis d'Israël”. Car la cause palestinienne aura trop vécu dans l'aléatoire, dans l'idéologie, dans un certain embourgeoisement aussi et maintenant dans les clivages internes, pour espérer infléchir la position israélienne. Il y a, en effet, des modérés en Israël, des humanistes et des pacifistes qui veulent la paix. Ce sont eux et leurs vis-à-vis palestiniens qui avaient rendu la paix possible aux négociations de Tabâ en 2003. Mais il y a aussi et, surtout, des colons israéliens qui jouent sur la composante religieuse pour justifier « la Terre promise » et « le peuple élu »… En définitive, le danger pour la paix ce n'est pas vraiment eux, parce que l'ennemi déclaré n'est pas vraiment dangereux. Le danger vient de la Palestine elle-même, surtout lorsque le Hamas réagit contre la Ligue arabe estimant que sa réunion est « une couverture pour l'échec de l'Autorité palestinienne »… La paix peut attendre…