Les unités d'analyse de l'INRAP passent au crible les produits qu'on importe et ceux qu'on exporte. Les Tunisiens sont en droit de savoir ce qu'ils consomment tout comme les consommateurs européens… - Les frontières économiques se dressent de plus en plus. Cela dit il n'y a guère d'autre voie passante pour acheminer nos produits vers les marchés étrangers que celle qui consiste à franchir des barrières vertes, plus sévères que les frontières douanières classiques. On le sait tous, ou presque. Mais ce qu'on sait moins c'est qu'aujourd'hui on est bien doté des moyens financiers et plus encore du capital humain nécessaire pour accréditer nos produits d'un certificat de passage vers d'autres pays. A l'Institut national de recherche et d'analyse physico-chimique (INRAP) l'un des établissements qu'abrite le pôle technologique Sidi Thabet, des chercheurs bardés de diplômes travaillent notamment dans des laboratoires de recherche et d'analyse maniant des machines à la pointe de la technologie. Leur mission ? Assurer entre autres la tâche de veille technologique en matière d'analyse physico-chimique et réaliser des analyses très poussées quant à la détection de traces de métaux lourds et de substances interdites comme le cas de mélamine retrouvée il y a peu dans du lait en poudre en provenance d'un pays européen… Ici on ne badine pas avec le contrôle des produits qu'ils soient destinés à l'import ou à l'export «Aucun laboratoire tunisien ne dispose des moyens d'analyse de l'INRAP où l'on scrute des substances toxiques qui se mesurent au millionième de gramme près. » nous explique M. Belgacem Hanchi, le Directeur général de l'établissement. Plomb, chrome, cuivre, zinc et autres résidus de produits cancérigènes sont passés au crible par des machines ultra sophistiquées. Une analyse scrupuleuse qui permet d'accréditer le produit en question d'un certificat prouvant qu'il est indemne de produits toxiques nuisibles à la santé ou dans certains cas à l'environnement. On parle en ce sens, de normes de qualité «ISO 9000 basées essentiellement sur le processus : composition du produit, pourcentage des composants et qualité de chacun des constituants du produit. On parle aussi des normes environnementales ISO 14000 basées sur le respect de l'environnement. » Des idées reçues Et toujours selon notre interlocuteur, il est aussi des idées reçues qui ont la vie dure et que l'on devrait battre en brèche, comme celle qui concerne les produits émanant de l'importation et dont on croit à tort qu'ils sont tous de bonne qualité. « Aucun produit ne peut franchir nos frontières avant d'être analysé par un laboratoire d'analyse. Encore est-il il faut s'adresser aux spécialistes. »dit-il. Pour l'anecdote… M. Belgacem Hanchi le Directeur général de l'INRAP nous a parlé du cas d'un importateur tunisien qui a été obligé de détruire le contenu d'un container en provenance d'un pays européen contenant des pots de mayonnaise, après avoir sollicité les services de deux laboratoires d'analyse. L'industriel a soumis, par la suite, ce même produit à l'analyse auprès de l'INRAP qui lui a délivré un certificat d'indemnité du produit. Une affaire à suivre… Un autre cas de figure s'est présenté lorsqu'un Tunisien a exporté des ‘'dattes bio'' à l'étranger et grande fut sa surprise lorsque son client européen lui a signifié que le produit ne répondait pas au label bio. Il était obligé de vendre à moitié prix son produit « alors qu'un certificat délivré par l'INRAP aurait résolu le problème » nous dit notre interlocuteur. Les unités d'analyse de l'INRAP permettent également de détecter les fraudes quant aux compositions de certains produits qui affichent une liste erronée sur l'emballage « En Europe les produits ne serait-ce qu'un paquet de biscuits, comportent la liste de ses composants aux détails près. Ce n'est pas le cas chez nous où l'on se contente de mettre la liste des ingrédients comme le sucre, la farine et le cacao… Le Tunisien est en droit de savoir ce qu'il mange au juste » conclut notre interlocuteur. Il y a du pain sur la planche.