Le Temps-Agences - Une nouvelle mission africaine tentait hier à Abidjan d'obtenir le départ de Laurent Gbagbo de la présidence ivoirienne, espérant éviter d'avoir à user de la force pour résoudre une crise qui a déjà fait près de 200 morts selon l'ONU. Le médiateur de l'Union africaine, le Premier ministre kényan Raila Odinga, est arrivé hier dans le pays, en plein blocage depuis la présidentielle du 28 novembre aux résultats controversés. Les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), étaient également attendus, mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), près d'une semaine après une première mission infructueuse. Les quatre émissaires devaient rencontrer les deux protagonistes de la crise, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président légitime par la communauté internationale. La Cédéao, qui a suspendu la Côte d'Ivoire début décembre, a appelé Gbagbo, proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel ivoirien, à céder le pouvoir à son rival. Elle l'a menacé d'une intervention militaire, actuellement en préparation, au cas où il n'accepterait pas de partir. Laurent Gbagbo doit quitter la présidence et cela ne fera l'objet d'"aucun compromis", a averti hier le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement sierra-léonais, Ibrahim Ben Kargbo. Il a cependant ajouté qu'il fallait offrir au président sortant des conditions pour "faciliter" son départ, sans préciser lesquelles. "Nous essayons de favoriser un départ paisible pour lui afin qu'il puisse quitter ses fonctions dignement", a-t-il dit. Le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, a promis de "nouveaux pas" dès aujourd'hui La mission d'hier paraît quasi impossible, Gbagbo ayant fermement fait savoir qu'il n'entendait pas quitter le palais présidentiel malgré l'intense pression extérieure. La situation est plus que jamais bloquée, entre ultimatums qui expirent sans conséquence et manifestations reportées. Les partisans de Gbagbo ont ainsi ajourné dimanche l'assaut "à mains nues" qu'ils entendaient lancer sur le quartier général de Ouattara, un hôtel soumis à un blocus routier des forces fidèles au régime et protégé par 800 Casques bleus.