Le Temps-Agences - Les mouvements de contestation dans le monde arabe, la défense des droits de l'homme en Russie et le père de WikiLeaks, Julian Assange, pourraient être en lice pour le Nobel de la paix 2011, estiment des experts, à l'approche de la date-limite pour l'envoi des candidatures. Selon les règles en vigueur, le comité Nobel norvégien n'examine que les candidatures envoyées au plus tard le 1er février. Le nom du lauréat n'est, lui, annoncé qu'en octobre. Actualité oblige, la liste des candidatures pourrait être influencée par les mouvements de contestation des régimes autoritaires dans le monde arabe, en Tunisie et en Egypte notamment. "C'est une possibilité", explique Asle Sveen, un historien spécialiste du Nobel. "Mais aucun nom n'émerge vraiment. En Egypte, le mouvement semble très spontané. Et Mohamed Al Baradei (l'opposant le plus en vue du président Hosni Moubarak) a déjà eu le prix Nobel" en 2005, nuance-t-il. La nature de la contestation, plus socio-économique qu'idéologique, pourrait aussi brouiller les cartes. La liste des nommés étant tenue secrète pendant 50 ans, les experts du Nobel sont condamnés à de simples conjectures, plus ou moins éclairées. Des milliers de personnes à travers le monde --parlementaires et ministres, précédents lauréats, membres de certaines instances internationales, certains professeurs d'université-- sont habilités à proposer une candidature. Les cinq membres du comité Nobel sont aussi autorisés à allonger la liste des candidats lors de leur première réunion, prévue le 28 février. "Peut-être qu'un leader (d'un des mouvements populaires dans le monde arabe) se sera distingué d'ici là", avance Asle Sveen. Après la Chine l'an dernier --une édition mouvementée en raison de la fureur de Pékin après la consécration du dissident Liu Xiaobo--, le comité Nobel pourrait aussi se tourner vers la Russie cette année, estime M. Sveen. "Il faut voir comment la situation évolue dans le sillage de l'attaque terroriste" qui a fait 35 morts lundi à l'aéroport de Moscou-Domodevodo, souligne-t-il. "Si Moscou réagit en choisissant, comme je le redoute, une ligne dure dans le Caucase qui mettra les militants des droits de l'homme sous pression, ces militants pourraient devenir des candidats naturels au Nobel". Selon lui, deux candidates données parmi les favoris l'an dernier ont vraisemblablement été de nouveau nommés cette année: les militantes des droits de l'homme russe Svetlana Gannouchkina et afghane Sima Samar. "Cela fait longtemps que le Nobel n'a pas été donné à une femme", relève Asle Sveen. "L'attribuer à Sima Samar aurait de surcroît le mérite de soulever la question des femmes dans les pays musulmans". "Mais prétendre que ses actions ont contribué de quelque manière que ce soit à la "fraternité entre les nations", pour reprendre la fameuse expression du testament d'Alfred Nobel, est tiré par les cheveux, voire complètement erroné", commente le journaliste américain Scott London qui suit de près les Nobel. "Ce serait peut-être plus juste de dire qu'il a sapé cette fraternité en créant une culture d'anxiété et de suspicion dans les affaires internationales, particulièrement entre des pays situés dans des régions explosives comme le Moyen-Orient". Les déboires de Julian Assange avec la justice suédoise dans une affaire d'agressions sexuelles présumées ne devraient pas non plus plaider en sa faveur aux yeux du comité Nobel, estiment les experts.