Les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi de navires de guerre en direction de la Libye, estimant que ce pays risquait de basculer dans le chaos si le colonel Mouammar Kadhafi ne cédait pas le pouvoir. Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a déclaré que deux navires amphibies arriveraient sous peu en Méditerranée ainsi que 400 "marines" susceptibles de participer, au besoin, à des opérations d'évacuation et de soutien humanitaire. A Ismaïlia, à l'embouchure sud du canal de Suez, un responsable égyptien a rapporté que deux navires amphibies de l'US Navy - l'"USS Kearsage", capable d'embarquer 2.000 marines, et l'"USS Ponce" - franchiraient hier matin le canal en direction de la Méditerranée. Il a précisé que les navires entreraient dans le canal à 04h30 HT. Le contre-torpilleur "USS Barry" a franchi le canal lundi et se trouvait hier dans le sud-ouest du bassin méditerranéen. "Nous envisageons une série d'options et de possibilités. Aucune décision n'a été prise sur d'autres initiatives", a dit Gates à la presse en notant que les Nations unies n'avaient pas autorisé le recours à la force militaire en Libye et que les pays de l'Otan n'étaient pas parvenus à un accord sur ce point. "Nous avons pour tâche de donner au président (Barack Obama) la plus grande latitude de décision possible", a ajouté Gates. Le redéploiement de navires et d'avions américains vers la Libye est largement interprété comme une démonstration de force symbolique, ni les Etats-Unis ni leurs alliés de l'Otan ne paraissant tentés par une intervention militaire directe dans un pays dont une grande partie échappe désormais au contrôle de Kadhafi. Washington et ses alliés envisagent en revanche d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen. Mais l'amiral Mike Mullen, chef de l'état-major interarmes américain, a noté que l'instauration d'une telle zone représentait une opération complexe. "Si nous étions amenés à la mettre en place (...) il nous faudrait nous y prendre de façon sûre, sans nous mettre en péril" vis-à-vis de l'armée de l'air libyenne, a-t-il dit. L'armée de l'air libyenne passe pour détenir au moins 216 missiles sol-air et 72 missiles autopropulsés notamment. Mais des experts notent que l'équipement militaire libyen est en grande partie mal entretenu, voire inutilisable. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a insisté sur le risque de guerre civile au cas où Kadhafi, dont les forces tentent de reprendre des zones tombées aux mains d'insurgés, refuserait de se retirer.