Hier au bureau de l'Organisation mondiale de la santé en Tunisie les spécialistes présents ont tiré la sonnette d'alarme quant à la situation sanitaire à la frontière tuniso-libyenne. Il est question d'endiguer le risque d'une épidémie qui risque de se déclencher à tout moment, les conditions d'hygiène et d'hébergement étant mauvaises. Ce qui mérite d'être relevé lors de la conférence de presse présidée par le Dr Stefano Lazzari, le représentant de l'OMS en Tunisie est que la situation sanitaire compliquée sur la frontière entre la Libye et la Tunisie n'est pas pour autant annonciatrice d'une crise humanitaire à proprement parler. Sauf que les réfugiés à rapatrier et dont on ne connaît pas le nombre exact, se couchent par terre, chose qui peut occasionner une épidémie vu que les conditions d'hébergement inadéquates, le froid et la promiscuité sont le nid de la propagation des maladies. Les efforts conjugués des militaires, du ministère de la santé et des ONG ne sont pas moindres, mais ne suffisent pas dans ce cas de figure. Les étrangers demandent à rentrer chez eux au plutôt. Surveillance épidémiologique L'OMS, de son côté, a placé un système d'alerte précoce pour détecter le risque épidémiologique et ce en collaboration avec les autorités sanitaires locales et l'armée. Les consultations quotidiennes enregistrées par le ministère de la Santé s'élèvent à 4202, réalisées entre l'hôpital de campagne, à quelques kilomètres de la frontière à Choucha, et les autres unités de santé. 80 personnes ont été déférées à des structures hospitalières du côté de Médenine, Sfax et Gabès. « On a répertorié 12 maladies classiques comme la diarrhée, la méningite, les maladies respiratoires, la grippe, etc. Il faut renforcer les moyens logistiques car la situation change très vite de jour en jour » fait remarquer le Dr. Eric Laroche, sous-directeur général chargé des crises humanitaires à l'OMS qui se dit complètement éberlué face à la solidarité sans pareille dont font preuve les Tunisiens vis-à-vis des réfugiés. « Ce qui se passe sur la frontière tuniso-libyenne, c'est quelque chose d'assez unique. J'ai travaillé dans l'humanitaire depuis des années et jamais je n'ai vu un peuple répondre avec autant de dévouement dans le domaine de la solidarité humaine. Ce serait peut être à cause de ce qui s'est passé dans votre pays. Tout est fait par les Tunisiens, la société civile. Il ne reste pas beaucoup à faire. J'ai vu des jeunes volontaires d'entre 25-30 ans débarquer avec un camion rempli de vivres qu'ils ont pu collecter chez des donateurs. Et c'est une action régulière. Les gens abritent chez eux des réfugiés. C'est remarquable. » Opérations de l'OMS Notre interlocuteur a évoqué les opérations de l'OMS qui se font conjointement avec le ministère de la Santé et avec l'aide de l'armée. « Une salle SHOC-ROOM sera mise en place, en effet, pour faciliter la communication avec le ministère de la Santé à Tunis et avec d'autres parties ». Il s'agit aussi d'aider à augmenter la capacité d'évacuation des réfugiés et la capacité d'hébergement temporaire. M. Laroche s'est dit frustré, par ailleurs, par rapport au manque d'informations exactes quant au nombre des personnes à rapatrier. Répondant à la question du Temps concernant la situation des enfants qui se sont retrouvés ainsi que leurs familles dans une situation précaire, celui-ci nous a dit qu'il était sur place et que les enfants ont un temps de passage très court sur place et que leur nombre est faible. « D'après mes propres observations ils sont très bien traités et rien d'anormal n'est signalé. » dit-il. A remarquer dans la foulée et selon le chiffre avancé par le représentant de l'OMS en Tunisie qu'entre 20 à 30 mille familles passent quotidiennement au niveau de la frontière tuniso-libyenne et que les familles participent elles-mêmes à se prendre en charge mutuellement. « Une femme égyptienne a accouché sur les lieux et elle a été prise en charge elle et son bébé par les équipes médicales installées sur les frontières. » souligne M. Lazzari. Mona BEN GAMRA
Moyens de santé disponibles actuellement sur les frontières Tuniso-libyennes : - Des tentes de premiers secours sont mises en place par la protection civile en Tunisie. - Des ambulances sont prêtes pour les transferts des cas graves vers les hôpitaux proches de la frontière. - Les services de santé militaires sont installés à 5 KM de la frontière et comprennent :cinq centres mobiles d'une capacité de 20 lits chacun, utilisés comme hôpital de campagne avec une salle d'opération, une unité de soins intensifs avec un équipement de réanimation. - Un hélicoptère de transport médical est en alerte et peut atteindre la zone en 20 minutes.