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Taoufik Baccar est-il clean?(2 et fin)
2200 millions de dinars obséquieusement accordés par les banques au clan Ben Ali
Publié dans Le Temps le 01 - 04 - 2011

Une fois intronisé dans son bureau au sommet de la Banque Centrale de Tunisie, Taoufik Baccar n'était plus loin, ni du gratte-ciel juste devant le siège de la BCT, ni du RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique), il en aurait fait même une annexe, et n'aurait raté plus aucun meeting pour vanter le régime de Ben Ali. Serait-ce pour se protéger ? Ou encore pour se faire un bouclier et aller de l'avant ? Car depuis son avènement à la tête de la BCT, aucun secteur, ou presque, n'a vu ses difficultés prises en charge ou résolues.
Ni hôteliers, ni bijoutiers, ni transporteurs terrestres, ni jeunes promoteurs et chefs de petites et moyennes entreprises n'ont trouvé une suite à leurs demandes. Allez demander aux agriculteurs qui se sont enfoncés de plus en plus dans les dettes. Pourtant, Taoufik Baccar se faisait prévaloir d'une réputation de quelqu'un qui «gère les dossiers ». Mais rien n'a changé, le contournement des problèmes et le flou n'ont fait que s'accentuer.
Créances carbonisées
« Jamais dans l'histoire de la BCT, les banques ne se sont trouvé poussées à abandonner autant de créances que depuis l'arrivée de Taoufik Baccar ». On estime à 700 millions de dinars le total des créances bancaires passées à la trappe au grand bonheur de quelques débiteurs qui se bousculaient devant le bureau de l'ex- gouverneur pour participer au festival des affaires. Certaines réunions auraient été présidées par lui-même. Lui, qui « servait les services d'une petite oligarchie ayant puisé dans les caisses des banques sans aucune vergogne ». Il n'aurait jamais cherché à connaître les destinations des sommes abandonnées ni, en contre partie, pour quelles raisons certains dirigeants de banques publiques étaient aussi généreux. Les exemples ? Ils fusent dans ce sens ! Dans le pseudo-assainissement du groupe « Spiga » concocté par la BCT, les créanciers, essentiellement les banques, se seraient retrouvés contraint de consentir 90 millions de dinars. Pour le promoteur, que nous ne nommons pas, ce n'était qu'une manne céleste. Il s'est délesté du boulet que représentait ce groupe, pour aller réaliser à Sfax, sous un nom d'emprunt, un important projet de peinture et une salle de sport. Le promoteur, bien protégé, continua à rembourser, sur ses propres deniers, des centaines de milliers de dinars à titre personnel, tout en gardant son important patrimoine immobilier à l'étranger un secret de polichinelle. Dans une autre affaire, 30 millions de dinars se sont évaporés, lors de la reprise par le groupe Poulina, d'une unité agro-alimentaire en complète déconfiture appartenant à un industriel bien connu dans le milieu sportif. Ne posez surtout pas la question qui dérange ; où est passé cet argent ? Ce n'était pas assez, il fallait encore alléger par abandon les dettes bancaires des autres affaires appartenant au même industriel. Pour fêter cet événement, le promoteur en « difficulté », s'offre une Maserati.
Et vint «Carthage Cement»
Le bal des requins ne peut que se développer. Et c'est au tour d'un pseudo homme d'affaires, récemment chassé de son siège au bureau exécutif de l'UTICA, qui a monté avec Belhassen Trabelsi la plus grande arnaque de l'histoire de la Tunisie. L'affaire « Carthage Cement ».
Une affaire, et non pas un investissement, qui a bénéficié des largesses d'une banque publique la Société Tunisienne des Banques (STB), qui à la demande de la BCT, a obtenu un important rabais de sa dette. Alors que rien, absolument rien, ne justifie un tel abandon. Le parcours de ce même promoteur est semé de gamelles laissées dans les comptes des banques qui étaient présidées par son ami, qui était entre autres à la tête de la BEST Bank, devenu actuellement Al Baraka Bank.
M. Haithami, ex-directeur général d'Attijari Bank relatait avec amertume comment Taoufik Baccar a fait « pression sur lui, en présence de l'un des débiteurs de la banque, entrepreneur dans le BTP, reconverti en lotisseur de terrains pour le compte de Belhassen Trabelsi, afin qu'il abandonne une partie des créances de la banque, qui totalisaient 30 millions de dinars. M. Haithami n'avait, semble-t-il, pas accepté que le gouverneur de la prestigieuse BCT puisse se mettre au service de l'intérêt particulier et que les ambitions personnelles puissent prendre le pas sur l'intérêt général ». Il croyait naïvement que Taoufik Baccar était au-dessus de tout soupçon. Et c'est donc sous la pression de la BCT qu'un marché de dupe fut conclu entre AttijariBank et le dit promoteur. En contre partie, le promoteur, devenu lotisseur de terrains, a cédé son siège social et le terrain avoisinant qui se trouvent à M'saken et qui ne valent que quelques centaines de milliers de dinars. Ce promoteur, devenu lotisseur, est l'homme de paille utilisé par Belhassen Trabelsi pour les lotissements des terrains de la baie des anges à Sousse et Carthage. C'est aussi de lui qu'on parle en évoquant l'achat, à petits prix, des logements adjacents à l'Hôtel Palace.
La question éthique éclate encore une fois avec la scandaleuse faillite de la Banque du Sud qui a généré des pertes, cachées pendant de longues années de 400 millions de dinars, entretenant un magistral hold-up réalisé par une banque ibéro-marocaine sur la participation publique au capital de l'ex Banque du Sud. La banque étrangère se serait approprié les 33% de la participation de l'Etat pour la modique somme de 60 millions de dinars. « Pour mesurer l'ampleur de cette affaire, il faut rappeler qu'à la même époque le groupe Mzabi a cédé au public la somme de 79,5 millions de dinars pour 30,18% du capital de la maison Renault ». Personne n'avait compris les raisons derrière cette précipitation pour la réalisation d'une telle transaction. Mais, semble-t-il, ce fut l'unique issue pour sauver la Banque du Sud d'une honteuse banqueroute et échapper par la suite aux investigations. Mais il est venu le temps où Taoufik Baccar et autres responsables doivent rendre compte sur un si honteux bradage des biens de la Tunisie. Ils sont multiples, notamment ceux qui ont été à la tête de la BS avant sa spoliation. Car le dossier élaboré à un moment donné par les cadres de la banque en dit très long et dresse un triste bilan sur l'ampleur de la malversation, de l'arnaque de tous genres sur les comptes de la banque en transformant en bénéfices les pertes avérées quelques années plus tard. Taoufik Baccar en tant que gouverneur de la BCT, aurait préféré la politique de l'autruche au lieu de jouer le vigile de l'éthique. « Il a préféré glisser sous le tapis les sept années d'affairisme et de scandales d'un autre dg de la banque». Il est utile aussi de rappeler que ces deux responsables après avoir laissé la B.S en faillite ont été nommés respectivement à la tête de la S.T.B et de la BEST Bank. Omar Najii fut à un moment donné nommé à la tête de Banque Zitouna de Sakher El Materi. On passera juste au-dessus des détails du cas de la Banque Franco Tunisienne (BFT), dont le DG a continué pendant deux ans à distribuer de l'argent, tout en faisant fi des instructions reçues. Les engagements d'un seul (le même de l'affaire Spiga) investisseur s'élevaient à 40 millions de dinars, qui représentaient 25% des engagements de la BFT. Taoufik Baccar aurait adopté, encore une fois, la politique de l'autruche des qu'il a su l'identité du bénéficiaire des largesses du DG de la BFT. Le Gouverneur de la BCT avait auparavant adressé une note de rappel signée par lui-même donnant des instructions au management de la BFT « pour suspendre l'octroi de nouveaux crédits ». Ce dossier, comme celui de la BS, a été enterré. Une autre note signée par le Gouverneur de la BCT lui-même, fut adressée à la STB mettant en évidence les dérives de sa gestion de son DG et de celle de son prédécesseur.
Politique de l'autruche avec quelques sursauts
Dans d'autres pays, le contenu de cette note relève de la justice, mais rien n'a été fait. Une petite lueur de justice a cependant fait surface par la Cour des Comptes, qui dans un rapport a essayé d'évaluer le haut niveau de manipulation des comptes de la BNA (Banque Nationale Agricole) et de la STB. Concernant cette dernière, le rapport de la Cour des Comptes révèle que « la STB a continué durant la période 2003-2006, à financer les entreprises en difficultés en octroyant à 80% de ces entreprises classées des crédits dépassant en volume 50% de l'ensemble de leurs financements bancaires », le rapport ajoute qu'il a été « révélé que plusieurs clients ont bénéficié de financements bancaires ayant atteint, au 31 décembre 2006, un concours global de 270 millions de dinars sans avoir obtenu l'autorisation requise, et ce, depuis plus de deux années ». La BCT, en tant qu'autorité de régulation, aurait dû engager au moins une enquête.
« Une visite dans les arrières cuisines des statistiques de la BCT démontre qu'on aurait essayé d'éteindre des pétards qui risquaient d'exploser sous des tombereaux de dynamite ». Les actifs des sociétés de recouvrement, prodigieuse trouvaille pour faire baisser artificiellement le niveau des créances accrochées des bilans des banques, à titre d'exemple, s'élèvent à 6000 millions de dinars. Par un tour de passe-passe, ces actifs ne sont plus inclus dans les chiffres de la BCT. Le recouvrement des créances dites accrochées n'aurait pas dépassé, depuis la création de ces structures en 1998, 200 millions de dinars. La Cour des Comptes signale concernant la gestion au sein de la STB à ces temps que « la cession d'une part importante des créances classées à la société de recouvrement a permis de réduire le taux des créances accrochées de 34,6% en 2000, à 29,6% en 2006 » le même rapport ajoute « la STB a procédé, jusqu'au 31 décembre 2006, à la cession de 9072 créances classées d'une valeur nominale de 1042 millions de dinars, dont environ 50% concernant 33 clients ». Un bel exemple de la manipulation des comptes de la STB avec la bénédiction de la BCT ! Dans un autre rapport de la même Cour des Comptes concernant la BNA soulignait que « pour ce qui est des créances liées aux activités commerciales et industrielles, aucun montant n'a été recouvré pour un nombre important de clients dont les dossiers ont été transmis au service contentieux durant la période 2002-2007 ». Ce n'est donc pas étrange que Standard and Poor's, l'agence de notation, qualifie « le système bancaire tunisien comme l'un des plus faibles d'Afrique du Nord en termes d'actifs ».
Le secteur bancaire en Tunisie à l'époque de Taoufik Baccar a financé les affaires des proches des familles mafieuses. Revenons juste à ce qui est désormais appelé l'arnaque du siècle, l'affaire de la Cimenterie de Carthage. A sa constitution, Belhassen Trabelsi avec son partenaire éjecté du bureau exécutif de l'UTICA n'ont versé aucun millime.
On s'est juste contenté d'apporter à son capital la carrière que possédait le partenaire de B. Trabelsi d'une superficie de 220 hectares et qui a été estimé à 70 millions de dinars, soit 320 mille dinars l'hectare. Quelques mois après, la même carrière valait 140 millions de dinars, soit 640 mille dinars l'hectare, puisqu'on a réalisé une augmentation de capital en estimant la valeur de l'action à 1.900 dinars pour un nominal de 1 dinar. C'est exactement comment a-t-on ramassé sur le marché 150 millions de dinars dans un projet toujours fictif ! La cotation des actions à travers le marché alternatif, réservé en principe aux sociétés exerçant dans le domaine de la haute technologie. A ce stade le capital de Carthage Cement s'élève à 220 millions de dinars sans que Belhassen Trabelsi et son partenaire n'y ait placé un seul dinar. Au mois de décembre 2010, ils ont réalisé une augmentation de capital de 2,4 millions de dinars par incorporation de réserve.
Afin de protéger les actionnaires qui ont mis de l'argent dans cette affaire, le partenaire de Belhassen Trabelsi est évincé de la gestion. Pour le remplacer, un groupe de bancaires de la Famille s'est constitué pour mobiliser 400 millions de dinars. Un haut responsable actuel au sein de la BCT se serait même invité et aurait mis dans la cagnotte 10 millions de dinars après avoir présenté à son conseil d'administration une demande de financement de 50 millions de dinars au temps où il était DG de la Stusid.
Des affaires comme celles-ci, ne sont que multiples. L'argent public a été, des années durant, à la disposition d'une bande de malfaiteurs qui ont tout fait pour spolier l'économie nationale.
Tous ceux qui ont participé à ce festin doivent rendre compte devant la justice ; le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, les banquiers, les commissaires aux comptes, les commissaires aux rapports, certains intermédiaires en bourse, le Conseil du Marché Financier. Taoufik Baccar ose-t-il dire maintenant partir la conscience tranquille ? Beaucoup d'affaires dans lesquelles il aurait eu un grand rôle à jouer, la dernière en date serait celle de l'acquisition par Princess Holding, de Sakher El Materi de 20% dans le capital de Tunisiana, passeront-elles sans faire des comptes ?


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