Le Temps-Agences - Jusqu'à 200.000 Egyptiens sont retournés hier place Tahrir, au Caire, pour réclamer des poursuites judiciaires contre Hosni Moubarak et reprocher aux autorités militaires leur lenteur dans leur lutte contre la corruption. «Oh maréchal, nous avons été très patients», ont-ils scandé à l'adresse du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui a pris les commandes du pays après le départ de Moubarak, le 11 février. «Si Moubarak n'est pas poursuivi, nous irons à Charm el Cheikh», pouvait-on lire sur une banderole brandie au milieu de drapeaux égyptiens. L'ex-président s'est réfugié dans cette station balnéaire sur la mer Rouge. En fin d'après-midi, la foule place Tahrir était estimée à 200.000 manifestants, soit l'une des principales mobilisations depuis la chute du raïs, au terme de dix-huit jours de contestation. Avocats et juges ont organisé une parodie de procès de Moubarak et d'anciens proches collaborateurs, poursuivis pour «avoir corrompu l'Egypte, politiquement et économique, commis la torture et privé le peuple de ses droits». Les manifestants ont réclamé en outre la destitution de responsables encore en poste nommés sous Moubarak. Ils ont aussi pris pour cible la justice égyptienne et ses «procureurs endormis». «C'est un message fort, le signal que la révolution n'est pas encore terminée, qu'elle se poursuit et qu'elle ne calmera pas tant que ses objectifs n'auront pas été atteints», a estimé Hassan Nafaa, professeur de science politique et figure de proue du mouvement réformateur. Les collectifs formés de jeunes cyberactivistes, à la pointe de la révolution égyptienne, avaient appelé à cette nouvelle manifestation contre la corruption dans le cadre d'un «Vendredi de la purification et des responsabilités». Les militaires égyptiens ont programmé des élections législatives en septembre. Un scrutin présidentiel suivra, en octobre ou novembre, et l'armée a annoncé qu'elle remettrait le pouvoir à un gouvernement civil.