Le Temps-Agences - Le président Abdelaziz Bouteflika devait annoncer hier soir d'"importantes décisions" sur des réformes à venir dans un discours télévisé à la nation. Les attentes des Algériens sont d'autant plus fortes qu'il s'agira du premier discours présidentiel adressé au peuple depuis que le pays est agité par de nombreux mouvements sociaux. En janvier, des émeutes avaient fait 5 morts et 800 blessés. Dernier symptôme de la contestation, la colère de milliers d'étudiants algériens qui s'est déversée mardi dernier dans les rues de la capitale, Alger. Les jeunes Algériens entendaient protester une nouvelle fois contre la "dévalorisation" des diplômes de l'enseignement supérieur et le "malaise à l'université", où les grèves se sont multipliées depuis le mois de février. Cette marche estudiantine avait tourné en affrontement avec les forces de police. M. Bouteflika a-t-il entendu les revendications ? Une source officielle laisse entendre que le président devrait donner des gages aux partisans de réformes démocratiques :"Le chef de l'Etat annoncera (...) d'importantes décisions concernant l'approfondissement du processus démocratique, le renforcement des bases de l'Etat de droit, la réduction des disparités et l'accélération du développement socio-économique". Déjà, M. Bouteflika a promis d'ouvrir une "nouvelle page" sur "la voie des réformes globales", soulignant qu'elles ne sauraient "être fructueuses en l'absence de réformes politiques", selon les mots du président rapportés par un de ses conseillers le 19 mars, lors de la fête commémorative du cessez-le-feu pendant la guerre d'Algérie. M. Bouteflika, 74 ans, célèbre ce mois-ci ses douze ans de pouvoir dans un pays où l'armée joue un rôle politique important depuis 1992. Si ouvertures politiques il y a, cela marquerait une réelle inflexion dans la gouvernance de Bouteflika. Jusqu'ici, la levée de l'état d'urgence instaurée en février 1992 pour endiguer l'insurrection islamiste a été la seule concession faite par le chef de l'Etat. En revanche, d'importantes concessions ont été faites sur le plan économique et social en matière de salaires, d'emploi des jeunes ou de construction de logements. Des concessions qui ont engendré une demande de plus en plus forte de la population algérienne, déclenchant les manifestations.