Nous avons reçu du Dr Ben Jedidia Ridha, lecteur assidu du "Temps", cette lettre où il réagit à l'article de Ridha Kéfi "A quoi sert l'opposition ?" publié dans notre édition du 8 juin. Nous la reproduisons ici dans son intégralité. Passé un certain point de puissance, le mal rallie à sa cause tous les amis de la paix disait Jean Rostand de l'académie française. Peut-on faire face au mal en imposant la vérité ! ? Difficile quand on sait que la vérité ne nourrit pas son homme. Pis encore, ne pouvant faire face à la réalité, la vérité se cache dernière le mensonge. Si un journaliste ne mettait pas la vérité au-dessus de tout, on se demande pourquoi diable il avait choisi ce métier. Et ce n'est pas Monsieur Ridha El Kéfi qui va me contredire. Son excellent article a réussi à cristalliser la pensée de tout un peuple avide de vérité. Mais cette analyse sémiologique de l'opposition et du pouvoir suffira-t-elle à donner des couleurs d'espoir et d'avenir à notre environnement ? Nous sommes ligotés par mille obligations qui résultent de notre indépendance, pour ne pas dire de notre démission, car notre incompréhension des mots ne peut nous empêcher de voir revenir tout ce qu'on détestait dans le passé. "A chacun sa démocratie" disait Raouf Khalsi, mais on n'aime jamais tant la vérité que lorsque le mensonge fait loi. Nous restons toujours ligotés tant que nous n'arrivons pas à définir les limites entre jugement et démagogie, droit et devoir, vérité et mensonges. Jacques Delors ne s'est pas présenté aux élections présidentielles parce qu'il refusait d'être un Roi à l'Elysée déguisé en président. Tout règne est court, mais la nature est longue, et la nature a horreur du vide. Un grand merci à M. Ridha El Kéfi, qui tente de combler le vide par la raison, par des mots justes pour vaincre les maux.