On a tous encore vivaces en mémoire les sanglants incidents ayant secoué la capitale des Aghlabides lors des années 60 avec intervention de l'armée sous l'égide de Amor Chachia, gouverneur à de Kairouan et Nabeul. Chachia avait autorisé à l'époque le tournage d'un film étranger dans la mosquée Okba avec incursion des chevaux dans l'immense enceinte de ce lieu de culte vénéré. Feu Abderrahmane Khliff, imam de la mosquée, s'y opposa farouchement. Chachia donna l'ordre de l'arrêter… D'où les émeutes de tous les Kairouanais défendant leur cheikh avec le fameux et non inoubliable slogan s'opposant à son départ et à son incarcération « Allahou Akbar ma Ymchiche ». Finalement Chachia dut faire machine arrière sur injonction de Bourguiba car même l'armée ne put venir à bout de l'insurrection des Kairouanais. Okba mais Sidi Sahbi aussi Depuis bien longtemps déjà, la mosquée Okba et le mausolée Sidi Sahbi, compagnon et barbier du Prophète, sont les lieux de prédilection incontournables pour les visiteurs de la ville qu'ils soient autochtones ou touristes. Ces derniers avant d'y pénétrer juste dans l'enceinte portent une tenue correcte pour les hommes (Djebba) et un couvre-chef pour les femmes. Attirail loué auprès des commerçants foisonnant aux abords. Une petite virée dans le « Shan», quelques prises de photos et le tour est joué. Seulement voilà que pareille pratique faite dans la correction et le respect de nos us et mœurs ne plut pas aux barbus de la place. Ils se regroupèrent en masses, fermèrent les portes d'accès sauf aux pratiquants et seulement aux heures des prières. Approche de nature à nuire grandement à l'image de la tolérance de notre Tunisie post 14 janvier sans oublier les commerçants avoisinants voyant leur gagne-pain menacé de partir en fumée suite à un obscurantisme inacceptable. D'ailleurs, ils se mobilisèrent tel un seul homme pour défendre la liberté d'accès à ces lieux. L'été, d'habitude très chaud à Kairouan, risque de le devenir davantage si jamais ces énergumènes ne revenaient pas à de meilleurs sentiments.