Les pratiques de bonne gouvernance, la transparence, la fluidité de l'information...font partie d'un même champ lexical et deviennent de plus en plus les facteurs déterminants de la compétitivité des entreprises. Autrement-dit, pour être compétitive l'entreprise tunisienne et notamment celle familiale qui est sollicitée à faire preuve de bonne gouvernance vis-à-vis de son environnement interne et externe et de ses différentes stakholders, entre autres : l'Etat, le citoyen, les partenaires et les salariés.
Pour sensibiliser les entreprises tunisiennes à enraciner les pratiques de la gouvernance et pour mesurer le degré de sensibilité des chefs d'entreprise à ses principes, la Cellule des Jeunes Dirigeants d'Entreprises de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE) vient d'achever un programme d'étude élaboré, en la matière et ce, en collaboration avec le Centre International de l'Entreprise privée (CIPE). Les résultats de l'enquête ont été donnés hier lors d'une conférence nationale organisée à l'occasion. Les participants à la conférence ont pris connaissance de l'expérience de certains pays comme le Brésil et l'Inde, des pays qui ont su développer des pratiques de gouvernance. Ouvrant les travaux de la conférence M.Afif, Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME, a mis l'accent sur l'importance des entreprises familiales qui représentent 85% du tissu industriel tunisien tout en passant en revue le programme national mis en place destiné à secourir ces entreprises qui souffrent d'un certain nombre d'insuffisances dont essentiellement le déséquilibre financier. Les conclusions de l'enquête sont le fruit d'une série de workshops antérieurement organisés et d'un questionnaire effectué auprès de 500 entreprises. Evoquant l'importance de la gouvernance d'entreprise en tant que l'un des piliers à la compétitivité dans la mouvance de la globalisation et de la mondialisation, Slim Zarrouk, président de la CJM de l'IACE a affirmé : « C'est par le biais d'une gestion saine que l'entreprise familiale peut assurer son développement ». La gestion saine se traduit, comme l'a expliqué M.Slim Zarrouk, par la transparence de l'entreprise vis-à-vis des stakholders y compris l'Etat, et de ses employés. Et c'est cette transparence qui garantit l'accès de l'entreprise à d'autres sources de financement et assure sa pérennité. Quels sont alors les déterminants de la bonne gouvernance ?... Les pratiques de la bonne gouvernance répondent à des exigences de transparence envers l'Etat (administration fiscale), le citoyen, les partenaires et les employés.
Des insuffisances à combler Les quatre exigences précitées ont été judicieusement traitées lors des workshops organisés par la CJM de l'IACE et la CIPE. Des forces et des faiblesses ont été décortiquées en matière de corrélation entre l'entreprise familiale et ses différentes parties-prenantes ou stakholders. M.Mondher Ayed, PDG TMI, a présenté une rétrospective des ateliers de travail organisés et les principales conclusions et recommandations qui s'ensuivirent. Il a souligné que la pérennité des entreprises familiales dépend de sa capacité d'adaptation aux nouvelles exigences de compétitivité dont la diversification des sources de financement, la transparence fiscale, le développement de partenariats et la valorisation du capital humain. « Le modèle d'entreprise endettée s'essouffle et les chefs d'entreprises se transforment en recouvreurs d'impayés », affirme M.Ayed. D'où l'intérêt de l'introduction en Bourse et de l'ouverture du capital aux investisseurs étrangers ou locaux. Slim Zarrouk , a rappelé à ce titre quelques recommandations issues des workshops dont la capitalisation boursière et l'introduction des entreprises familiales en Bourse. La pérennité de l'entreprise familiale dépend donc de sa capacité à honorer ses droits et ses engagements vis-à-vis des stakholders, mais aussi de la disposition de toutes les parties à franchir les obstacles. « Les réformes en cours au niveau de l'administration prévoient de combler les insuffisances existantes, mais l'extension et l'accélération de ces réformes s'avèrent nécessaires », affirme M.Zarrouk.
« Trop de gouvernance tue la gouvernance » Les mécanismes de la bonne gouvernance ou encore les bonnes pratiques de la gouvernance forment un code d'éthique qui n'est pas toujours prisé par les chefs d'entreprises. Les principes de partage d'information , de séparation de pouvoirs et de convergence d'intérêts ne sont pas légion dans nos entreprises. Selon les résultats de l'enquête présentée hier par M.Majdi Hassen, Universitaire à l'ESSEC, 63% des entreprises évitent de partager leurs informations par souci de confidentialité. Les chefs d'entreprises appellent donc à une modération au niveau des mécanismes de gouvernance : « Des mécanismes de gouvernance trop stricts découragent la mise en œuvre de ses bonnes pratiques. En fait, trop de gouvernance tue la gouvernance », affirme M.Ayed. A ce titre M.Zarrouk a ajouté : « l'Etat régulateur a un rôle important à jouer par la révision des textes et la mise en place des réformes ». L'accompagnement de l'entreprise tunisienne à mettre en place les pratiques de bonne gouvernance se poursuit. Un processus de longue haleine qui nécessite en ce sens une convergence d'intérêts entre les différentes parties ou encore entre l'entreprise et ses stakholders.