Hier matin, la salle des pas perdus du palais de Justice était animée plus qu'à l'accoutumée. Plusieurs personnes parmi les médias, les avocats mais aussi les badauds étaient venus assister à l'audience du tribunal de première instance de Tunis qui devait juger deux autres affaires dans lesquelles sont impliqués le président déchu ainsi que sa fille Nesrine et son gendre Sakher El Materi. L'audience a débuté vers 9 heures, mais il n'y avait pas cet enthousiasme qu'on avait remarqué lors de l'audience de la première affaire Ben Ali. Etait-ce dû au fait que les gens savaient d'avance que les accusés étaient absents,et que l'affaire allait être renvoyée ? Toujours est-il que la première originalité, qu'on pouvait enregistrer a été la commission d'un avocat, directement par Sakher El Matéri : Maître Hosni El Béji. Ce dernier s'est officiellement constitué pour Sakher El Matéri et son épouse Nesrine dans les deux affaires où ils sont accusés d'acquisition illicites de biens et enrichissement sans cause. De quoi s'agit-il au juste ? Dans la première affaire, Sakher El Materi est accusé d'avoir acquis de manière illicite un terrain appartenant à la société El Bouhayra, au profit de sa société « Les Hirondelles » à laquelle est associée son épouse Nesrine Ben Ali. Dans cette opération, un bénéfice de plus de 18 millions de dinars a été réalisé par la revente du même terrain. Quant à la deuxième affaire, elle concerne le changement de vocation d'un terrain classé zone verte, en zone d'habitation, afin d'en faire profiter la société « La pierre immobilière » appartenant au même Sakher El Materi et son épouse. Bien évidemment dans les deux affaires, le président déchu est complice, en ce sens qu'il est intervenu personnellement afin que tout aboutisse dans le sens désiré par son gendre, avec profit personnel à la sortie, car il n'y pas de chat qui chasse pour la bonne cause, comme dit si bien le proverbe tunisien. Bref, un train de malversations conduit par le président déchu, sur le compte du contribuable. Maître Hosni El Beji peut-il plaider ? Si cet avocat a demandé le renvoi de l'affaire afin de réunir les éléments de sa défense, il n'en reste pas moins que le même problème reste toujours posé, comme dans la précédente affaire Ben Ali :l'avocat peut-il plaider en l'absence de ses clients ? D'autant plus que cette fois-ci, il est directement commis par ces derniers. Ce qui veut dire qu'ils sont bel et bien au courant de la date d'audience. Ce problème a été longuement débattu lors de la première affaire de Ben Ali, et les avis étaient partagés. En effet si en vertu du code de procédure pénale, la possibilité de plaider dans ce cas semble être exclue, (sauf dans les cas où l'accusé n'est pas punissable d'une peine de prison) il n'en reste pas moins, selon une certaine jurisprudence de la cour de cassation, que l'avocat peut présenter des conclusions écrites à l'audience. Ce qui est une manière d'inviter le juge à répondre aux éventuelles doléances de la défense. En attendant, le président du tribunal s'est retiré pour délibérer sur cette demande de renvoi.