Les autorités, les forces de sécurité, l'armée et la classe politique ne cachent pas leurs appréhensions pour ce que nous réserve le mois de Ramadan. Appréhensions résumées en une formule, plutôt un slogan lancé par le ministre des Affaires religieuses : « pas de politisation des mosquées ». Surtout que le mois de Ramadan coïncide cette année avec la campagne électorale et puisque les mosquées ont eu à vivre des situations surréalistes ces derniers mois – Imams qui s'auto-proclament ; d'autres chassés et même des messies rédempteurs haraguant les foules de fidèles – ou n'exclut pas des dérives djihadistes de la part des purs et des durs tandis qu'Ennahdha observera comme d'habitude sa glaciale, sa péremptoire ambivalence. En cette époque trouble, il y a lieu de se poser encore et toujours la question reccurente : « C'est lorsque les mosquées (ou les églises) sont pleines, qu'il faut s'interroger sur le dogme ». Les intégrismes – qu'ils soient islamistes, chrétiens ou hébreux sont les enfants naturels et impies des religions/ Ce sont même ses rejetons et c'est pour ces raisons qu'ils introduisent et spéculent sur la composante politique travestissant les valeurs religieuses. Dès lors c'est l'inévitable résurgence de l'exégèse et de l'outrance des dogmes obscurantistes ; dogmes récupérateurs recrutant parmi les âmes égarées, dans la misère et dans la précarité. Est-ce réellement auprès des miséreux, des sans-emploi que l'islamisme fera ses percées stratégiques durant le Ramadan ? C'est le schéma classique. Un peu trop justement… Mais si Ennahdha entend l'exploiter à des fins électorales elle se déjugera, elle qui se dit parti politique, même si elle balbutie chaque fois qu'on lui demande si elle se revendique d'un mouvement religieux. C'est Shakespearien !