Jusqu'à la date du 26 août 2011 dernier, la Commission nationale d'investigation sur la malversation et la corruption aura transféré, à la justice, quelques 200 dossiers portant sur des actes de malversation et de conversation. Mais quoique ce nombre soit relativement limité, l'identité des personnes suspectées montre à quel point la malversation et la corruption étaient répandues, en Tunisie, sous l'ancien régime, et affectaient tous les secteurs de la société, sans exception, devenant une sorte de culture profondément ancrée dans les esprits, comme l'a signalé, dernièrement, dans des déclarations publiques, le président de la Commission, Mr Abdelfatteh Amor. Sur ces 200 dossiers, près de la moitie, soit plus de 90 dossiers, concernent l'ancien président Ben Ali, les membres de sa famille, ses gendres et ses proches collaborateurs. Or, la liste des suspects dans les 200 dossiers mentionnés comprend , également, de simples citoyens, des chefs de services administratifs, des responsables de différents échelons dans l'ancien parti dissous, le RCD, des secrétaires généraux de partis politiques, soit les quatre secrétaires généraux à qui l'ancien président déchu avait remis le 7 janvier 2011, une semaine, avant sa déchéance, d'importantes sommes d'argent en espèces, outre des responsables d'association, des avocats, des omdas, des gérants de sociétés commerciales, des responsables d'hôpitaux publics, des responsables régionaux et locaux, des fonctionnaires, des juges, des agents de l'ordre, des associations, d'anciens gouverneurs, des responsables de bureaux d'emploi, des organes d'information, des banques, le département de la santé publique, des éducateurs , des entreprises publiques, l'ancienne Agence tunisienne de communication extérieure(ATCE). Il existe même une plainte présentée par un citoyen de Béja contre le parquet. A vrai dire, ces 200 dossiers transférés à la justice ne sont qu'un premier lot sélectionné à partir de plus de 9000 dossiers rassemblés par la Commission, depuis qu'elle a commencé son travail, en février dernier. Toutefois, après examen, elle n'en a retenu que quelque 4000 dossiers, le reste s'étant avéré porter sur des sujets qui ne sont pas de son ressort. Prévention Les 4000 dossiers ne sont pas d'égale importance, mais le chiffre est, déjà, relativement grand. En vertu du décret - loi relatif à sa création, la Commission nationale d'investigation sur la malversation et la corruption a été chargée de faire des investigations sur les délits et actes de malversation et de corruption commis , notamment, depuis le 7 novembre 1987 au 14 janvier 2011, mais elle a été aussi investie de la mission de réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre en vue d'éradiquer les causes de ce fléau et prévenir sa résurgence éventuelle, à l'avenir.