Voter ? Participer ? Pourquoi faire ? Il n'est pas aisé de répondre à cette question. En fait, il n'y a pas seulement une bonne réponse possible à l'occasion de la tenue aujourd'hui des élections de la Constituante. Une première en Tunisie où 1624 listes électorales se présentent aux élections à l'Assemblée Nationale Constituante, dans 27 circonscriptions du territoire tunisien dont 655 listes indépendantes, 830 listes de partis, et 34 listes de coalitions. 93% des têtes de listes sont des hommes contre 7% de femmes. Cette proportion varie avec 3% sur les listes indépendantes, 7% sur les listes des partis tandis qu'elle atteint 35% sur les listes des coalitions. Le plus jeune candidat, tête de liste, âgé de 23 ans, s'est présenté dans la circonscription de Ben Arous, tandis que le doyen des candidats têtes de listes, âgé de 81 ans, s'est présenté à Tunis 1. Mais qu'en pensent nos citoyens en allant aujourd'hui aux urnes pour voter ? Hédia professeur est très contente de prendre part à ces élections : « Le citoyen jouit de droits ; mais ce qu'on oublie souvent, c'est que ces droits s'accompagnent nécessairement de devoirs. Or, le devoir le plus élémentaire du citoyen consiste à exercer ce droit en allant voter. Alors j'invite tous les Tunisiens à aller voter ». Nabil commerçant estime que le droit de vote est à la base de la démocratie. « Le vote permet aux citoyens d'exprimer leur volonté. On est là aujourd'hui pour élire une constituante qui décidera de l'avenir politique et économique du pays et de nos enfants. La démocratie n'est jamais acquise. On doit la conquérir. C'est pourquoi on doit tous aller voter et réussir cette transition politique que vit notre pays ». Samia, mère de trois enfants attend avec patience ce jour. « C'est une date historique pour moi et pour tout le peuple tunisien. C'est un rendez-vous crucial qu'il ne faut pas rater. J'invite tous les citoyens à être présents dès ce matin devant les bureaux de vote pour accomplir ce devoir » Pas plus loin, une jeune fille appelle son père à aller voter : « Dis Papa, tu dois aller aujourd'hui voter. Je suis encore jeune mais j'aimerais vous voir participer à ces élections car vous contribuez à mettre les premières pierres de l'édifice qui est la démocratie que vous lèguerez en héritage à moi ». Maha étudiante ne cache pas son bonheur pour aller voter. Mais pourquoi ? « Tout simplement pour bâtir une nouvelle société démocratique. On a beaucoup souffert du despotisme et de l'exclusion. Le moment est venu pour dire notre mot, pour nous exprimer et faire entendre notre voix. Nous devrons agir pour une nouvelle République au service des citoyens. Nous devrons aussi contribuer à façonner une société à notre image, une société qui reflète nos valeurs, qui réponde à nos aspirations loin de l'extrémisme et du fanatisme ». Mohamed Ali a peur des absentéistes : « j'estime dit-il que les abstentionnistes sont des citoyens-démissionnaires, responsables du déclin de la démocratie alors je les appelle à ne pas rater ce rendez-vous et de penser à leur pays qui a besoin de la participation de toutes les forces démocratiques ». Najia n'est pas de cet avis : « je sais, vous allez me dire que c'est un devoir de citoyen, que c'est l'occasion d'exprimer notre opinion. Et bien mon opinion est que je ne crois en aucun parti, la politique ne m'intéresse pas ». Non rétorque son ami Seyf : « Votre engagement est aussi nécessaire afin de préserver les libertés individuelles et les libertés collectives. La liberté de pensée, la liberté du culte, d'opinion et d'expression, la liberté d'association et la liberté de réunion sont en quelque sorte les carburants de la démocratie » .Bref les avis sont partagés mais ce qu'on peut dire aller voter est un droit et un devoir. « Il est trop facile d'être indifférent face à la chose politique et de se dire qu'y participer ne changera rien. Mais pourquoi nous avons fait cette révolution ? Tout simplement pour changer cette Tunisie que nous voulons démocratique, tolérante et ouverte », nous dit Am Salah un chevronné qui, à l'âge de 80 ans a pu enfin goûter à cette liberté