Le succès de la première et la deuxième édition du colloque internationale sur le bon voisinage religieux en Méditerranée ne peut que pérenniser notre confrère Réalités cet espace de dialogue et d'échange et à en faire un rendez-vous annuel incontournable pour le dialogue entre les trois grandes traditions monothéistes. C'est dans ce cadre que s'inscrit le troisième forum organisé les 17 et 18 novembre à Hammamet en collaboration avec l'ALESCO la Fondation Friedrich Ebert, l'Institut Goethe, l'IEMED et la délégation européenne en Tunisie en présence de plusieurs personnalités de la société civile et des religieux de pays islamiques et des pays laïcs. Cette année ce forum comme l'a précisé Taieb Zahar le Président de cette manifestation se tient dans une conjoncture particulière puisqu'il a eu lieu après les élections de la constituante. La principale tâche de cette assemblée sera évidemment de mettre en place une nouvelle constitution et de se déterminer par rapport à l'article 1 de l'ancienne constituante, à savoir la place de l'islam. « Dans cette période gouvernée par la logique révolutionnaire ajoute t-il dans cette période dominée par l'émotion au détriment de la raison, l'aménagement d'un espace de réflexions, de discussions et de propositions serein et constructif est devenu chose primordiale si ce n'est pas vitale. Aujourd'hui, l'identité est à fleur de peau, le discours et la logique révolutionnaires dominent. L'homme se réfugie dans ses repères primaires, parmi les quels figurent en premier lieu, la religion. Quel est le point commun entre la projection d'un film traitant de la laïcité et la séquence d'un film d'animation représentant Dieu ? Pourquoi les récents propos du Premier ministre candidat annonciateur de l'instauration d'un sixième califat ont –ils soulevé un tollé? Nous le constatons à travers ces exemples? Nous sommes réunis aujourd'hui afin d'écouter, analyser et pourquoi pas s'inspirer des expériences comparées. L'enjeu étant fondamental : comment concrétiser ce modèle dans notre prochain texte suprême, la constitution, qui sera le nouveau contrat social liant les citoyens tunisiens. La société civile et la sphère médiatique ont également leur mot à dire et leurs propositions à faire. Notre destin est entre les mains de nos élus. Est-ce une raison pour nous de rester bras croisés ? Et c'est pour cette raison que nous avons initié ce débat. Cet espace est d'abord celui de la société civile, des experts mais également des hommes de Dieu, du Nord au Sud unis par des valeurs communes, celle de la démocratie, du respect de l'autre et de l'ouverture. Pour répondre à cette question et formuler dès à présent des propositions, nous avons choisi, toujours dans l'écoute, d'analyser les expériences comparées entre les pays d'Islam et les pays européens. Nous aurons ainsi le point de vue de pays dit laïcs séculaires, des pays dits théocratiques, de même que nous nous interrogerons sur la garantie des droits des minorités. » Mme Elisabeth Braune représentante de la Fondation Friuedrich Ebert a estimé que ce débat sur une question fondamentale de notre temps : le bon voisinage religieux est une opportunité pour la société civile de s'investir dans ce champ si sensible du fait religieux dans nos sociétés modernes. Quel rôle doit jouer la religion dans la société et au sein de l'Etat et aussi dans l'ancrage des valeurs universelles et des droits de l'homme ? Les religions y jouent évidemment un rôle important » M Adrianus Koetsenruijter ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne a précisé que l'Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité et de l'Etat de droit. Bouazizi demeure un symbole pour cette revendication de liberté et de dignité. Ces valeurs sont communes à nos tous dans une société caractérisée par le pluralisme, le non discrimination. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion » . Ahmed Néjib Chebbi fondateur du PDP a clôturé cette ouverture du forum en précisant que la religion ne doit pas être instrumentalisée à des fins politiques. Nous ne voulons donner aucune chance à un projet de société rétrograde. Nous rejetons toute discrimination religieuse. La nouvelle constitution doit garantir la liberté de la conscience. « L'enjeu souligne le fondateur du PDP c'est de garder le cap de la démocratie libérale, de la tolérance et de l'ouverture sur le monde. Les Tunisiens vivent leur identité arabo-musulmane sans conflit. Et ils s'inscrivent sans réserve dans la modernité. Ils ne voudront pas laisser une idéologie restreindre leurs libertés. Ils ne vont pas retourner en arrière La Constitution de la IIe République devra garantir de manière définitive les libertés et droits fondamentaux, afin de protéger l'individu contre toutes les formes d'arbitraire. Ce débat Etat-religion concerne toute notre société civile qui devra se prononcer sur ce sujet brûlant. Ce forum contribuera à éclairer les voies du futur, celle de la compréhension mutuelle et du bon voisinage religieux » Ce forum a traité hier des expériences comparées dans les pays européens et de la place de la religion en Tunisie dans la nouvelle constituante. Nous y reviendrons.