Le milieu tunisien de Montpellier, Jamel Saihi, fait sa propre révolution en ce début de saison, qui le voit prendre le pouvoir en L1 avec son club formateur, au sein duquel il bouscule la hiérarchie aux dépens du capitaine Romain Pitau, pour enfin lancer à 24 ans sa carrière. Arrivé au club à 13 ans, après avoir touché ses premiers ballons au club du Mas Prunet, puis à Lavérune, dans la banlieue de Montpellier, Jamel Saihi entame sa 12e saison à Montpellier et jouit d'une belle réputation auprès de Louis Nicollin. Le président, qui l'avait prolongé en 2010 pour quatre ans, a loué récemment ses qualités: "c'est le plus fort. Il va au charbon intelligemment. Je pense qu'il fera sa carrière à Montpellier". Saihi est conscient de ses possibilités. "J'avais fait pas mal de matches jusque-là, je savais que je pouvais jouer à ce niveau". Habituel remplaçant, le milieu de terrain n'est titulaire qu'à 12 reprises lors des deux saisons qui suivent la remontée du MHSC en mai 2009. Il vit alors dans l'ombre de Pitau, mais ne perd pas patience. "Une fois, je lui ai posé la question: 'tu n'es pas impatient, tu n'as pas envie de partir?' ", raconte l'entraîneur René Girard. " 'Je suis Montpelliérain, j'ai envie de montrer ce que je sais faire ici', m'a t-il répondu. Il veut s'exprimer dans le club qui l'a formé même s'il choisira peut-être une autre voie plus tard. Il a eu la force mentale d'attendre sa chance." "Toutes les qualités d'un milieu moderne" Saihi l'a saisie lors de la première journée face à Auxerre (3-1), en remplaçant à l'heure de jeu le capitaine montpelliérain Romain Pitau, lui subtilisant la place de titulaire pour ne plus la lâcher. "Aujourd'hui, je me sens dans la peau d'un titulaire. Je savais que j'avais les qualités pour m'imposer. C'est aussi pour ça que je suis resté à Montpellier, qui m'a également lancé des signaux positifs", confirme-t-il. "Je veux bien être le symbole du club s'il continue à progresser, à suivre éventuellement l'exemple de Lille. Mais qui peut dire où en sera le club dans deux ou trois ans? Je n'ai plus de temps à perdre", continue Jamel Saihi. Son éclosion en ce début de saison finit de convaincre son entraîneur, ancien milieu défensif de Bordeaux: "j'ai trouvé en lui ce que je veux à ce poste: impact physique, qualité technique et intelligence. Il a toutes les qualités d'un milieu moderne", explique René Girard. De père tunisien et de mère algérienne, Saihi s'apprête à vivre sa première Coupe d'Afrique des nations (CAN) avec les Aigles de Carthage. Enfant de deux cultures, il a opté très tôt pour la Tunisie. "J'ai été appelé en équipe de France des moins de 19 ans, qui venait d'être sacrée championne d'Europe avec Nasri, Ben Arfa. Comme j'avais été déçu par cette sélection, j'ai cédé aux appels de la Tunisie", explique-t-il. Montpellier, face à la perspective de devoir faire sans Saihi pendant la durée de la compétition africaine (21 janvier-12 février), se demande déjà comment faire pour le remplacer. Un casse-tête que le Tunisien ressent comme une victoire personnelle.