L'alliance au sein de la Troïka est temporaire. Elle finira avec la fin de la constituante» Néziha Rjiba, alias Om Ziad, nous en parle - Néziha Rjiba alias Om Ziad est parmi les rares personnes n'ayant pas fait de compromis du temps de l'ancienne dictature. Elle ne fait pas partie également des héros en carton faits par Ben Ali. Elle a toujours préféré travailler dans l'ombre tout en gardant intacte sa fougue communicative. Elle ne compte en aucun cas céder à la tentation même quand il est question de la course pour les postes gouvernementaux. Néziha Rjiba préfère le statut d'une intellectuelle respectée parce qu'elle l'est tout simplement et elle compte le rester. Dans ce raccourci, Om Ziad nous parle notamment de la traversée du désert de son parti, le Congrès pour la République. Le Temps : Que pensez-vous de la position de l'opposition par rapport à la loi de finances, de celle d'Ahmed Néjib Chebbi qui a préféré quitter les lieux ? Om Ziad : Je crois que les membres de l'ABC ayant montré leur contentement l'ont fait non pas pour des raisons de fond mais parce qu'on leur a demandé de voter pour un projet de loi en si peu de temps alors que le document est assez massif. A mon sens c'est logique et il est de leur plein droit de se refuser à cela. Que pensez-vous des orientations actuelles du CPR ? Etes-vous déçue par rapport à l'alliance avec Ennahdha ? Aujourd'hui nous sommes devant un fait : le CPR s'est lié par une alliance au sein de l'ANC laquelle a été formée quand j'ai quitté le parti. Donc je ne peux discuter de cette décision prise pendant un temps où il n'était pas de mes prérogatives d'intervenir. Je considère que cette alliance est une question temporaire et qu'elle prendra fin avec l'achèvement des travaux de la troïka au sein de l'Assemblée constituante. Et contrairement à ce que croient certains je ne suis pas retournée au CPR pour défaire cette alliance. Aujourd'hui je crois qu'il est des urgences qu'on doit assurer, notamment l'élaboration d'une Constitution pour notre pays. Et contrairement à ce que prétendent certains le CPR n'est pas un parti satellite d'Ennahdha. Cette idée me met dans tous mes états et je la refuse catégoriquement. Le CPR a des spécificités qui lui sont propres et il agira tout en les respectant. Je ne crois pas qu'il y aura des clashs politiques avec Ennahdha car jusque-là notre perception de l'Etat et celle d'Ennahdha se rejoignent. Croyez-vous que le CPR pourra survivre après le départ de Marzouki considéré comme étant un personnage charismatique ? Je crois que c'est un peu trop réducteur de penser de la sorte, car les gens qui ont fait confiance en le CPR, l'ont fait en tenant compte du parcours militant de plusieurs membres du parti dont Marzouki. Tant mieux si on le considère un personnage charismatique. Le mieux serait de penser en termes d'institutions et non pas de personnalités. J'espère qu'on pourra dépasser cette étape qui réduit un parti militant au nom de son leader. Car le CPR a aussi un ensemble de valeurs qu'il défend et j'espère que dans la prochaine étape les gens vont opter pour un parti ou pour un autre selon des critères comme les programmes et l'ensemble des idées dont ils sont porteurs. Que répondez-vous à ceux qui parlent de la ‘'traversée du désert'' du CPR Ce n'est pas vraiment le cas. Il est vrai que le CPR est passé par des moments difficiles mais ce qui compte le plus est que le parti a aujourd'hui son secrétaire général et que le problème a été dépassé. Le parti a d'autres préoccupations, comme celle d'étendre sa base militante de penser à l'étape avenir. Pourquoi avez-vous quitté le CPR et pourquoi avez-vous décidé d'y revenir ? Est-ce pour présider le parti ? A un certain moment j'ai remarqué que les formations politiques sont devenues légion et qu'elles sont fragilisées par la transition. J'ai repris mes activités au sein du CPR car je suis persuadée que je dois aujourd'hui prendre part à cette étape cruciale et que je dois préserver l'unité du parti. Je ne peux pas être présidente du parti car le CPR est chapeauté par Abderrahmane Ayédi et en plus on n'a pas d'assemblée nationale comme il a été dit dans la presse dernièrement. Etes-vous optimiste pour la période à venir ? Optimiste oui, car je ne suis pas pessimiste. Je suis de nature à avoir peur de l'échec mais il faut faire de son mieux pour mettre toutes les chances de son côté.