L'Algérie participe à cette édition des JTC avec une œuvre théâtrale intitulée « Au-delà de la mer » réalisée par l'artiste Abdelaziz Yousfi du Théâtre National de Béjaïa. Cette pièce, programmée pour la soirée du mercredi 11 janvier au Mondial, est une comédie musicale par excellence. Dépourvue de texte, la pièce qui a pour thème l'exil, est basée sur la musique et les paroles des chansons: les comédiens reprennent des refrains de chansons célèbres d'artistes qui ont chanté la souffrance de l'émigration et les déboires de l'exil. Une approche théâtrale très originale d'un thème brûlant d'actualité, à savoir « la hargua », ce phénomène qui a fait couler beaucoup d'encre chez nous au lendemain de la Révolution suite aux traversées clandestines effectuées par des milliers de jeunes tunisiens dont plusieurs ont péri en pleine mer laissant un grand deuil chez leurs familles. C'est un choix pertinent que de programmer cette pièce pour la 15è session des JTC, la première après la Révolution. Si les événements portent sur l'exil d'Algériens vers les pays européens, il n'en demeure pas moins évident que le sujet abordé concerne aussi la Tunisie et pas mal d'autres pays arabes et africains où ce problème se pose avec une grande acuité. Privilégiant l'expression corporelle, les gestes et les mouvements sur scène, les acteurs n'échangent pas de paroles à part celles écrites dans les chansons interprétées par des chanteurs en exil, tels que Zerrouki Allaoua, El Hasnaoui, Hssissen et tant d'autres parmi les chanteurs qui se trouvent loin de leur pays natal et qui n'ont pour seul réconfort les chansons de l'exil qui mettent à nu les maux des émigrés, ce qui est vrai pour toutes les communautés arabes vivant en France. Mais, on y chante aussi des chansons d'Edith Piaf parlant d'exil, de nostalgie et d'amour perdu. La pièce relate aussi les années de l'occupation française où les Algériens sont malmenés par les forces colonialistes et sont contraints à l'exil. A part la musique, des torrents de lumière en arrière-plan émanent des projecteurs data-show. Au-delà du remarquable jeu du comédien Belkacem Kaouene dans le rôle de l'émigré, on relèvera aussi la bonne performance des musiciens qui ont accompagné toute la représentation. Un bon point sera également accordé à la scénographie du spectacle qui a su reconstituer les étapes de la vie des émigrés clandestins. En résumé, le spectacle commence avec le départ d'un homme vers l'étranger pour assurer une vie décente à sa famille en laissant derrière lui sa femme enceinte. Une fois arrivé à Paris, après un long voyage tourmenté, il découvre les bas-fonds parisiens et la vie morose qu'il partage avec ses concitoyens émigrés. Il se réfugie alors dans un bar lugubre où il fait la connaissance de la patronne. Il s'intègre tant bien que mal dans la société en partageant avec sa communauté le pire et le meilleur dans l'attente d'un demain incertain. Cette œuvre porte en elle un message aux responsables afin de trouver une solution à ce problème et mettre un terme à ces exodes du désespoir. Il est à rappeler qu'avec ce drame musical le Théâtre régional de Béjaïa est à sa troisième participation aux JTC et qu'il a déjà remporté le premier prix à l'époque où les JTC avaient un caractère compétitif.