Autour de certaines mosquées de ma Cité bien-aimée les marchands du Temple sont de retour. On ne les voyait plus depuis que le doux Jésus dans un accès de courroux célébré dans les Evangiles, toutes versions confondues, mais tout aussi sévèrement mis à l'index par le Prophète de l'Islam quand on lui a demandé quel était le pire des endroits et qu'il aurait répondu: "Asûq ! " (le marché)... Cela peut paraître innocent, et même bon enfant, de voir proposer aux fidèles sortant de leur rendez-vous cinq fois quotidien avec la Face de Dieu, des mandarines , de la menthe fraîche ou de l'essence florale, mais le comble en ce lieu satanique, selon les dires du Prophète, installé juste devant nos lieux de prière, le comble est de rencontrer des vendeurs à la criée proposer cet aphrodisiaque, semble-t-il, fort efficace qu'on appelle " Al-habba as-sawda " (graine noire) dont on attribue l'usage au saint salaf, comme si l'effet de cette étrange substance avait été révélé aux humains virils à l'instant-même où avait été révélée la parole divine qui a fait de nous, toutes et tous, des mahométans! Mais, vous autres, dévots de tous les pays, dites-moi, gentiment, s'il vous plaît, comment concilier ce commerce grivois, voire coquin, avec l'hyper-pudeur de vos partenaires déambulant tout comme vous autour de la mosquée, et qui vous fixe du regard derrière le niqâb en train de leur préparer des nuits torrides...