Vigilance est le maître mot qui prévaut ces derniers temps à la frontière tunisienne avec la Libye et à un moindre degré avec celle de l'Algérie. Car de ce côté-là il est plutôt question de contrebande classique que de trafic d'armes ou de présence de l'Organisation terroriste Al Qaïda au Maghreb arabe (Aqmi), active jusque-là dans le désert algérien, dans les régions semi-arides du Sénégal et dans certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Mais rien ne dit qu'elle n'est pas en train de lorgner vers cette partie paisible du Maghreb restée pour un temps à l'abri de ses attentats meurtriers et de ses prises d'otages retentissantes. Le climat d'insécurité dominant dans la région, la montée de l'extrémisme religieux et la prolifération du trafic d'armes, via la Libye lui offrent l'occasion pour infiltrer ses activistes, jeter ses bases et s'implanter. Les derniers événements à Bir Ali Ben Khélifa ayant abouti au démantèlement d'un réseau terroriste « voulant stocker des armes en vue de les utiliser pour fonder un Emirat islamique » en Tunisie, sont assez révélateurs de la gravité de la situation et des dangers qui guettent le pays au moindre relâchement sécuritaire aux frontières avec la Libye. Les autorités tunisiennes en sont conscientes, d'où les mesures de renforcement du dispositif militaire, la demande d'appui logistique auprès des Etats-Unis et la coordination avec l'Algérie et la Libye pour sécuriser les frontières. Il n'est pourtant pas acquis que cette coordination soit d'une efficacité sans faille, notamment de la part de la Libye où la situation échappe à tout contrôle et où les milices constituées en grande partie d'extrémistes font la loi et sèment le désordre. La Tunisie doit compter avant tout sur ses propres moyens et sur la solidité et l'union de son front national et mettre en sourdine les différends conjoncturels pour protéger l'intégrité territoriale du pays et les intérêts suprêmes de la Nation.