La Chambre nationale des gérants et directeurs des stations de vente des produits pétroliers au public, dites kiosques d'essence'', relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat, a décidé d'observer une grève le samedi 25 février, dans toutes les stations du pays. La grève prendra la forme de la fermeture des stations devant le public, sauf pour les ambulances, la protection civile et les cas urgents. Lors d'un point de presse tenu, ce mercredi 22 février 2012, au siège de l'UTICA, à Tunis, par les membres du Comité directeur de la Chambre, sur les motifs de cette grève, Mustapha Tékaya, porte parole de la Chambre, a indiqué que la Chambre reste disposée à annuler la grève, au cas où les autorités manifestent leur volonté d'engager le dialogue avec la Chambre en vue de trouver des solutions aux problèmes que rencontre la profession, notamment, le ministère de l'Industrie et du Commerce, l'autorité de tutelle. Le Comité directeur a écrit aux ministères de l'Intérieur, des Finances et de l'Industrie et du Commerce pour les informer de sa décision qui a été prise, depuis le 8 février, mais il n'a pas été contacté, ni reçu de réponses de qui que ce soit, jusqu'à la date de la tenue du point de presse. Il existe en Tunisie 900 stations de vente de produits pétroliers au public, employant quelque 15 mille personnes. Ces stations vendent de l'essence, du gasoil, du pétrole, de gaz du pétrole liquéfié (GPL), soit dans des bouteilles pour la consommation domestique exclusivement, soit au moyen du pompage pour les voitures fonctionnant au GPL et munis d'installation à cet effet. Or, ces voitures utilisent le gaz vendu en bouteilles qui est subventionné par l'Etat à travers la Caisse de compensation, alors que le GPL pompé destiné aux voitures est vendu au prix réel, et il existe des stations de vente spécialisées dans ce domaine. Le gaz en bouteille, bénéficiant d'une substantielle subvention de la part de l'Etat, est vendu aux citoyens à des fins de consommation domestique exclusivement, au prix de 360 millimes le litre, alors que le gaz pompé destiné aux voitures est vendu à 620 millimes. Cependant les conducteurs de ces voitures achètent et utilisent le gaz en bouteille, et ces voitures sont nombreuses. Cette situation a eu des effets négatifs sur les ventes d'essence et de gasoil assurées par les stations de vente des produits pétroliers, qui ont reculé, outre le tort causé tant aux dépens du bon approvisionnement du marché local en bouteilles de gaz qu'au niveau des dépenses de la Caisse générale de compensation. Marché noir Les stations de vente des produits pétroliers ont souffert, également, du commerce parallèle d'essence et de gasoil, ramenés, clandestinement, en Tunisie, à partir de l'Algérie et de la Libye, par voie de contrebande et de trafic, et ce à des prix bas. Les trafiquants sont allés jusqu'à stocker de grandes quantités d'essence et de gasoil importés clandestinement, dans les zones urbaines et les fermes agricoles, ne tenant aucun compte ni des dangers que revêt un tel stockage de produits inflammables, ni de son impact sur l'environnement et la pollution de la nappe phréatique. Des incendies ont été provoqués par ce stockage, occasionnant des dégâts corporels et matériels. Cette vente de l'essence et du gasoil importés, clandestinement, par voie de contrebande, à partir de l'Algérie et de Libye , sur le marché noir en Tunisie, a causé un recul important dans les ventes des stations de vente des produits pétroliers, atteignant près de 80% dans les régions frontières du Nord ouest et du Sud, 60% dans le Centre et la région côtière du sahel, 30% au Cap bon et 20% dans la région du Grand Tunis. Il y a eu faillites et fermetures de certaines stations, entraînant la perte par les employés et les pompistes de ces stations, de leur travail. L'essence importée clandestinement est vendu à 850 millimes le litre, sans le moindre contrôle, aux risques et périls des acheteurs, contre 1370 dans les stations, et il y a eu des accidents graves et d'incendie de voitures à cause de l'utilisation de ces produits importés clandestinement. La réduction du chiffre d'affaires des stations de vente des produits pétroliers a eu , en outre, des effets négatifs sur les recettes fiscales provenant de ces stations. Les membres du Comité directeur de la Chambre nationale des gérants et directeurs des stations de vente des produits pétroliers ont réclamé l'adoption de mesures urgentes pour mettre fin à la contrebande d'essence et de gasoil, qui est ancienne, ont-ils noté, ajoutant que l'ancien régime fermait les yeux sur ce trafic, et le tolérait sous le prétexte fallacieux qu'il constituait une source de revenus pour des économiquement faibles, alors qu'il s'agissait d'un trafic organisé. Les stations de vente des produits pétroliers fournissent, aussi, divers autres services comme le lavage des voitures, le graissage, le changement de l'huile, et font face à une concurrence déloyale dans ce domaine également de la part d'intrus. Les membres du Comité directeur de la Chambre nationale des gérants et directeurs des stations de vente des produits pétroliers ont émis l'espoir que les autorités prêteront l'intérêt qu'il faut à leurs problèmes et les examineront avec la diligence requise afin que les gens de la profession ne soient pas contraints à recourir à de pareilles grèves, ou à d'autres mesures préjudiciables à l'emploi comme la mécanisation des services.