«Plus vous prétendez comprimer la presse, plus l'explosion sera forte. Il faut donc vous résoudre à vivre avec elle.», R. de Chateaubriand. Du 3 au 5 mai prochain, et conjointement avec l'Unesco, la Tunisie célébrera la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse, sous le thème «Les nouvelles voix : la liberté des médias aide à transformer les sociétés». Proclamée en 1993, cette commémoration s'est choisi comme décor, et ce, pour la deuxième année consécutive, la nouvelle Tunisie, pays déambulant mais déterminé à installer les piliers de la première démocratie arabe. Il est à rappeler que chaque année, l'organisation internationale UNESCO, fervente défenseure des droits humains, fête, le 3 mai, la journée Mondiale de la Liberté de la Presse afin d'inciter au droit à l'information, au pluralisme et à l'indépendance des médias, à la protection de la presse de toute forme de bâillonnement, et ce, par le biais de lois législatives et de discussions permanentes avec politiciens et journalistes. L'Unesco œuvre, depuis des années, à responsabiliser les décideurs politiques et les gouvernements dans des zones de conflits où la liberté de la presse est en péril. Médias et Gouvernement sentent le danger et discutent Maintenant que la presse tunisienne s'est affranchie du joug dictatorial, les enjeux sont grands et décisifs. Les outrages à l'encontre des médias et des journalistes, qui ont jalonné le paysage médiatique postélectoral, ont sonné la sonnette d'alarme sur un éventuel retour de la censure à coup d'intimidation. D'ailleurs, afin de retrouver un terrain d'entente et de réduire cette animosité patente entre médias et gouvernement, une délégation du SNJT (Syndicat National des Journalistes Tunisiens), accompagnée par les journalistes agressés durant les derniers évènements, s'est entrevue, le 19 mars 2012, avec le président de l'Assemblée constituante, M. Mustapha Ben Jaâfer. Une rencontre qui a pris en compte toutes les questions impérieuses qui portent sur la situation actuelle des médias. Une kyrielle de revendications a été soumise au président de l'ANC. La primauté était, d'abord, donnée aux agressions dont ont fait l'objet plusieurs journalistes et sur la question de l'impunité des agresseurs. Par ailleurs, cette délégation a rappelé l'urgence de fixer un décret d'application sur une commission qui s'occuperait de la distribution de la carte de presse professionnelle, tel que le décret 115 portant sur la liberté de la presse, de l'impression et de diffusion. En outre, on a signalé l'importance d'une haute instance de la communication audiovisuelle garante de la protection et de la préservation de la liberté audiovisuelle, comme l'indique l'article 116. D'autre part, le projet d'une nouvelle convention collective équitable entre les journalistes, surtout par rapport aux salaires. Le SNJT tient à souligner que le président de l'ANC a été très coopératif quant aux projets et revendications des journalistes, à commencer par la dénonciation des agressions dont étaient victimes nombre de journalistes et leurs retombées négative sur la liberté de la presse. Le SNJT déclare, notamment, la réaction positive de Dr. Ben Jaâfer pour ce qui est des décrets 115 (la régularisation de la carte de presse 2012) et 116 (la constitution d'une haute instance pour la communication audiovisuelle comme instance modératrice). On se serre les coudes pour libérer la plume Dans cette cohue fluctuante, la mouvance médiatique, qui va de pair avec les déambulations sociopolitiques, préconise l'installation d'un nouveau précepte robuste et herculéen qui assure la pérennité d'une presse libre et indépendante. Estropier l'information reviendrait à dire que le spectre d'une nouvelle dictature rôde encore dans les parages. C'est dans ce sens que la célébration de la Journée mondiale de la Liberté de la Presse, fêtée pour la seconde fois en Tunisie, serait une réminiscence pour rappeler que la lutte pour un média émancipé et affranchi, ne fait que commencer et qu'un pacte de paix doit être signé entre médias et gouvernement pour garantir le pluralisme journalistique et la neutralité de l'information. Dans le même contexte, RSF Tunisie (Reports Sans Frontières) a publié récemment, une analyse juridique sur la nouvelle loi de la presse visant à montrer le caractère sacré de la liberté d'expression, les points forts de la nouvelle loi, la précarité de certains points tout en proposant comment y remédier.