Jamais dans les annales de la Justice tunisienne, on a eu affaire à un profanateur du Livre Saint. D'ailleurs il n'y a même pas d'articles spécifiques au sein du code pénal à ce cas précis. Cela entre dans la rubrique d'atteinte au culte et aux valeurs sacrées. Même à l'époque où la Tunisie était sous occupation étrangère, jamais un problème de profanation ne s'est posé, sauf peut-être quelques cas isolés qui ont été occultés ou réglés de manière discrète et sans aucun échos de nature à attiser le feu de la discorde. En fait aucun être sensé n'ose s'attaquer aux valeurs sacrées d'une façon aussi grotesque et aussi ignoble. Le cas du profanateur du Coran prête pour cette raison à réfléchir. L'auteur de cet acte, qui a été appréhendé, est-il un malade mental, ou a-t-il été mû par d'autres personnes qui veulent coûte que coûte semer le trouble et la discorde dans le pays ? Arrêté et inculpé d'atteinte au culte, Ramzi Abcha a reconnu les faits incriminés, devant le tribunal cantonal de Ben Guerdane, où il a comparu vendredi dernier. Toutefois il a ajouté qu'il souffrait de troubles psychiques, problème de compétence ou « cadeau empoisonné » S'agissant dans cette affaire d'un accusé présentant un doute sur ses capacités mentales, le tribunal cantonal a décidé, sur demande du substitut du procureur de renvoyer le dossier devant tribunal de première instance de Médenine, apte entre autres à commettre un expert afin d'évaluer l'état des capacités mentales de l'accusé et déterminer par là même le degré de responsabilité qu'il peut avoir dans les faits qui lui sont reprochés. Or selon certains observateurs, le tribunal de Ben Guerdane a voulu tout simplement, renvoyer la balle au tribunal de première instance de Médenine, en s'appuyant sur un point de procédure, qui est au fond plausible, en vertu du code de procédure pénale. On se demanderait toutefois si ledit tribunal ne se déclare pas incompétent à son tour, l'affaire pouvant être jugée par le tribunal de Ben Guerdane qui s'en est déchargé selon l'avocat de la partie civile à Radio Shems FM, pour une question, plutôt de sécurité que de procédure. D'autant plus que l'accusé aurait été interrogé préalablement par des « activistes islamistes » en avouant son crime et en déclarant de surcroît qu'il était homosexuel et adepte du pax avec une personne du même sexe. Délire psychique ou manière d'occulter la vérité sur les vraies motivations qui l'ont poussé à commettre une tel acte gratuit et ignoble il importe que toute la lumière soit faite sur cette mystérieuse affaire, pourvu sans s'éterniser dans les méandres de la procédure. On en saura plus le 11 avril prochain, date à laquelle a été renvoyée l'affaire devant le tribunal de Médenine. Ahmed NEMLAGHI libremad daassi