Le procureur de la République a décidé, hier, d'ouvrir une enquête sur les slogans antisémites et les appels au meurtre des Juifs lancés lors d'une manifestation organisée le 25 mars dernier à Tunis par des islamistes radicaux, a-t-on appris hier auprès de l'Association Tunisienne pour le soutien des minorités (ATSM). «Le procureur de la République a ouvert une enquête judicaire en vue de connaître l'identité des auteurs des appels au meurtre des Juifs et des divers slogans antisémites entendus lors d'une manifestation d'islamistes qui réclamaient l'application de la Chariâa», souligne Yamina Thabet, préisdente de l'ATSM. Cette association créée au lendemain de la révolution pour défendre les minorités religieuses en Tunisie et prêcher la coexistence pacifique entre les religions avait déposé mardi plainte auprès du procureur de la République De son côté, Roger Bismuth, le représentant de la communauté juive tunisienne, qui compte quelque 1.500 personnes en Tunisie (contre 100.000 à l'indépendance en 1956, NDLR), a annoncé récemment avoir porté plainte contre les personnes ayant scandé des slogans antisémites lors d'une manifestation pro-Chariâa. «C'est la troisième fois que ce genre de choses se répète, c'est trop. Je n'accepte plus et j'ai donc porté plainte. Justice doit être faite», a-t-il déclaré. Incidents antisémites à répétition Roger Bismuth a également rappelé que des appels au meurtre des Juifs ont été lancés en janvier dernier lors de la visite en Tunisie du chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et en février lors d'une tournée du prédicateur égyptien Wajdi Ghoneïm. Le militant de gauche et écrivain Gilbert Naccache a annoncé, lui aussi, dimanche dernier, avoir porté plainte contre les salafistes qui ont appelé à l'assassinat des Juifs lors de la manifestation pro-Chariâa organisée fin mars. «Je me décide, pour la première fois de ma vie à porter plainte devant la justice tunisienne contre les individus qui, sur l'avenue Bourguiba, ont appelé, le dimanche 25 mars, à l'assassinat des Juifs. J'ai déjà été victime d'une agression raciste en 2000, mais je n'avais pas voulu porter l'affaire devant les tribunaux, estimant qu'il s'agissait de jeunes inconscients trompés par une propagande venue de l'étranger. Rien de semblable aujourd'hui : il s'agit d'un mouvement politique qui fait de l'antisémitisme et de l'appel au meurtre des Juifs un de ses modes de propagande habituels. Il s'était déjà pareillement illustré, voilà plus de deux mois à l'aéroport de Tunis-Carthage, et le gouvernement n'a rien fait pour prendre les mesures légales appropriées », précise M. Naccache dans un communiqué rendu public dimanche. A noter que le gouvernement s'est contenté de dénoncer ces slogans antisémites. Le Premier ministre Hamadi Jebali a estimé que ces slogans constituent «une atteinte à l'Islam et à la Tunisie» alors que le ministère des Affaires religieuses a condamné , dans un communiqué, les « appels à combattre les juifs », en les qualifiant d' «actes isolés». Walid KHEFIFI libremad amad salem daassi oignon Hésa