La saison du pèlerinage de la Ghriba, à Djerba, fait ressurgir la question de la montée de l'extrémisme, ses retombées nocives sur le secteur touristique et la peur qu'il suscite chez les Tunisiens, en général, juifs en particulier et chez les visiteurs étrangers, à fortiori, ceux qui viennent en pèlerinage, chaque année, à la plus vieille synagogue d'Afrique. Parce que les obscurantistes, dans leurs violentes manifestations, ont brandi des slogans obscurantistes appelant au meurtre et à la haine inter-communautaire dans une sinistre confusion entre juifs et sionistes. Ces mêmes slogans sont indignes de la Tunisie post-révolution et des légendaires qualités d'ouverture, de tolérance, de convivialité et d'hospitalité du peuple tunisien et qui font du pays une destination attractive pour les touristes du monde entier. Maintenant, faut-il craindre un désistement des Juifs à venir nombreux à Djerba comme ils le faisaient d'habitude et priver l'île d'une rente et d'une relance de l'activité hôtelière dans ces moments de grave crise ? Possible, car même si la communauté juive de Tunisie peut oublier, pardonner même, les autres qui viennent de l'étranger, resteront pour longtemps traumatisés et hantés par la peur surtout que ce pèlerinage vient juste après le drame de Toulouse où trois enfants juifs ont été tués par un extrémiste français d'origine algérienne. En tout cas, l'heure n'est pas à l'alarmisme, car on décèle une note d'optimisme de la part de Pérez Trabelsi, président du Comité de la Ghriba comme de la part du Premier ministre, M. Hamadi Jebali. Ce dernier annonçait, à Djerba même, il y a deux jours, que : « l'île sera plus sûre, plus ouverte et accueillera ses visiteurs les bras ouverts ». Ce ne sont, donc, pas les sinistres appels des obscurantistes qui viendront à bout d'un rite sacré, pas plus qu'ils ne feront reculer ceux, de tous bords, qui gardent la foi en l'incontournable dialogue des religions et les liens de sang depuis Abraham entre Musulmans et Juifs..