Des milliers de manifestants ont défilé hier jusqu'à la place Tahrir, au Caire, pour dénoncer l'exclusion de plusieurs candidats à l'élection présidentielle, dont le premier tour aura lieu les 23 et 24 mai. Outre l'éviction de certains des prétendants les plus sérieux, la campagne pour ce scrutin organisé quinze mois après le renversement d'Hosni Moubarak s'est déroulée sur fond de divergences au sujet de la nouvelle Constitution et de doutes quant aux intentions des militaires au pouvoir. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) s'est engagé à céder la place à une administration civile à l'issue de la présidentielle, mais une partie de l'opinion soupçonne les généraux de vouloir continuer à tirer les ficelles en coulisse. Des heurts qui ont fait onze morts ont eu lieu mercredi aux abords du ministère de la Défense, dans le quartier d'Abassiya, où campaient des partisans du salafiste Hazem Abou Ismaïl, dont la candidature a été invalidée. Beaucoup y ont vu une manipulation des partisans de l'ancien régime. Khaïrat Al Chater, candidat des Frères musulmans qui sont majoritaires au Parlement, a également été déclaré inéligible en raison d'une condamnation datant de l'ère Moubarak. Le mouvement islamiste a dû se rabattre sur Mohamed Morsi, ce qui pourrait avantager les prétendants issus de l'ancien régime, tels qu'Amr Moussa, qui fut longtemps chef de la diplomatie de Moubarak, et l'ex-Premier ministre Ahmed Chafik. A la mi-journée, des milliers de militants islamistes, libéraux et progressistes étaient rassemblés place Tahrir, épicentre de la "révolution du Nil" de 2011. Un orateur a exhorté la foule à marcher sur Abassiya pour dénoncer les violences de mercredi. "A bas le régime militaire !", a scandé un autre animateur du mouvement. Une banderole réclamant l'abrogation du texte qui interdit de faire appel de l'invalidation des candidatures a été déroulée entre les podiums. D'autres demandent la dissolution de la commission électorale et la promulgation de la loi sur l'inéligibilité des caciques de l'ancien régime. (Reuters)