• Un nouveau parti centriste sera annoncé en été • Les regroupements entre partis politiques ne doivent pas se faire sur la base d'un programme politique et de l'opposition à Ennahdha Les membres du courant réformateur au sein de l'ex-Parti Démocrate Progressiste (PDP) ne sont pas près d'abdiquer. Bien au contraire après avoir faussé compagnie au Parti Républicain (PR) créé le 9 avril dernier, ils viennent de s'engager dans une action de regroupement de leur forces pour mettre en place une structure organisationnelle et pourquoi pas peser par la suite dans l'échiquier politique. Où en sont-ils ? Comment se définissent-ils ? Dimanche dernier, ils se sont rencontrés à Tunis pour parvenir à établir une Coordination nationale provisoire composée de 26 membres. Mohamed Hamdi a été élu Coordinateur général. La coordination nationale est composée de trois départements, le département politique, le département de l'organisation et des structures et le département de l'information. Sur le plan administratif, ils disposent, désormais d'un local à Tunis. Des coordinations régionales ont été constituées à Sousse, Kasserine, Gafsa, Médenine, Sfax, Jendouba, Bizerte et Tunis2. Une coordination est en cours de formation en France. Mohamed Hamdi, coordinateur général, précise au Temps que les « tractations se poursuivent avec d'autres forces politiques en vue de créer un parti démocrate centriste et modéré ». Ces négociations vont au-delà des démissionnaires d'Ettakatol et du Congrès pour la République (CPR) pour englober d'autres groupes politiques. Mohamed Hamdi tout en étant optimiste, reconnaît que les négociations sont à leur début. Il s'attend à ce qu'au cours de l'été prochain, la création du nouveau parti sera annoncée. Le coordinateur général tient à préciser que le processus est plus important que les délais. Rappelons que neuf élus du PDP à l'Assemblée nationale constituante avaient annoncé, au lendemain du 5ème congrès du parti, le gel de leurs activités au sein de ce parti, connu pour sa grande opposition à Ben Ali. Il s'agit de Mohamed Hamdi, Mohamed Baroudi, Mehdi Ben Gharbia, Mohamed Néji Gharsalli, Moncef Cheikhourou, Mohamed Kaabich, Najla Bouryal, Mohamed Khili et Chokri Gastli. Ils ont été rejoints par près de 200 cadres et de leaders régionaux du parti les 28 et 29 avril dernier à Sousse où la rupture totale a été annoncée. Les réformistes du PDP avaient déjà dénoncé ce qu'ils ont considéré comme des dépassements électoraux lors du cinquième congrès du parti, tenu du 7 au 9 avril dernier. C'est un fait, les contestataires reprochent à la direction historique du PDP d'avoir manœuvrer pour garder la mainmise sur le parti. Ils la considère responsable de la déroute électorale du 23 octobre. Et ils lui tiennent rigueur. D'ailleurs, Mehdi Ben Gharbia (ancien militant d'Ennahdha) n' y va pas par mille chemins. Il avait déclaré sur les ondes de ShemsFM que « les divergences à propos de la ligne politique du parti avaient surgi depuis des mois ». Il est contre l'idée de rejeter tout en bloc ce que propose la Troïka et tient à rappeler que «nous sommes dans une période transitoire et que nous devons composer pour avancer ». C'est une position qui rappelle ce que disait Mustapha Ben Jâafar, le lendemain des élections lorsqu'il rejetait la bi polarisation. Ben Gharbia considère que le fait de critiquer Ennahdha rien que pour faire acte favorise la bi-polarisation qui divise le pays et ne fera que renforcer le parti au pouvoir. Il propose de composer avec l'aile gauche d'Ennahdha pour l'amener à se mouvoir et à se mêler aux rouages de la vie civile et l'initier à la real-politic. Il pense qu'il ne faut pas isoler cette force cela risque d'en faire une proie facile aux forces extrémistes. Il pense que dans cette période transitoire, la lutte ne se situe pas entre une élite francophone patriotique et une élite à connotation religieuse. Il ne faut pas diviser le pays sur cette base. Les divergences doivent rester au niveau politique. Concernant les processus d'unification, il estime qu'ils doivent s'établir sur la base d'un programme politique et non sur la base de l'opposition à Ennahdha. Ainsi les fusions peuvent être durables.