On sait que le gouverneur de la Banque Centrale était dans le collimateur de la présidence de la République depuis plusieurs mois, mais on ne s'attendait pas à ce que la décision de son limogeage soit prise dans cette atmosphère politique tendue après l'extradition de l'ancien Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi, où l'avis du Chef de l'Etat a été complètement occulté par le gouvernement Jebali. Cette affaire continue de faire couler beaucoup d'encre et de susciter des interrogations sur la solidité des rapports entre les composantes de la Troïka au pouvoir ; les rapports de force entre le parti dominant, Ennahdha et ses partenaires et sur le degré de cohésion entre les instances dirigeantes du pays.
Ici et là, on interprète comme on veut les prérogatives de l'une ou l'autre présidence dans une totale cacophonie et d'accusations d'interférences réciproques.
Mais, il est clair que l'affaire Mahmoudi a été ressentie par le Président de la République et par son parti, le CPR, comme une extrême humiliation.
Le limogeage du gouverneur de la Banque centrale serait-il une riposte au camouflet infligé par Jebali à Marzouki ?
Tout porte à le croire, même si le communiqué de la présidence de la République évoque une décision prise en accord avec le Premier ministre.
Il est évident que les deux parties veulent éviter un étalage au grand jour de l'étendue de leurs différends. Et puis, toutes les deux ne portent pas Kamel Nabli dans leur cœur. Parce que, dit-on, il tient à l'indépendance de la Banque Centrale et est opposé à un budget expansionniste voulu par le gouvernement.
Il reste que les deux affaires, celles de Mahmoudi et de Nabli, annoncent une fissure au sein de la Troïka et l'amorce d'une rupture entre Moncef Marzouki et Ennahdha, rupture annonciatrice d'une nouvelle recomposition du paysage politique et d'un nouveau type de coalitions