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Eaux troubles à Carthage Marzouki reporte son discours initialement prévu pour jeudi soir; Ayoub Messaoudi, son conseiller chargé de l'information démissionne
• «La défection de Messaoudi serait motivée par la forte pression que subissent les conseillers», déclare Imed Daïmi, chef du Cabinet du Président de la République Les démissions des conseillers du président de la République Moncef Marzouki se suivent et se ressemblent. Après Abdallah Kahlaoui, conseiller chargé des affaires diplomatiques et de la politique étrangère et Chawki Abid, conseiller économique, c'était au tour du conseiller principal de Marzouki chargé de l'information, Ayoub Messaoudi, de rendre le tablier. Ce conseiller a quitté le « navire présidentiel », dans la soirée de jeudi à vendredi, quelques heures seulement après l'annulation inexpliquée d'un discours du président de la République qui était prévu à 20 heures sur la première chaîne nationale de télévision.
Dans sa lettre de démission intitulée « Je suis enfin libre », Ayoub Messaoudi a souligné qu'il a pris sa décision en toute liberté et loin de toute pression. « Ma liberté, je l'exerce, je ne la demande plus. Il est des moments dans la vie où il nous faut assumer nos responsabilités. J'annonce ma démission de mon poste de Conseiller Principal auprès du Président de la République chargé de l'Information. C'est en toute liberté et sans aucune contrainte ou pression que j'annonce cette démission, motivée par le respect immense que je voue à la Révolution tunisienne, aux martyrs, à l'Etat, aux Tunisiens et à tous les contribuables qui payent mon salaire pour un métier que je n'exerce pas dans les faits.. C'est sans regret pour tous les sacrifices que j'ai fait pour servir mon pays, que j'ai fait ce choix », précise –t-il dans cette lettre publié sur le réseau social Facebook ainsi sur son blog (http://mas3oudi.blogspot.com).
Fortes pressions sur les conseillers
Le jeune conseiller ne s'attarde pas, cependant, sur les raisons de sa défection. «Le moment viendra où je parlerai, pour l'intérêt du pays, de toutes les raisons de cette démission, je ne peux dans la situation politique et sociale actuelle que respecter le devoir de réserve par amour de la patrie et par respect des institutions », a-t-il noté, indiquant qu'il se « retire de la vie politique pour se consacrer à d'autres formes de militantisme pour servir notre chère Tunisie».
Agé seulement de 32 ans, ce conseiller originaire du Kef a effectué de brillantes études d'ingénierie avant de décrocher un poste à Télécom Bretagne. Il est également titulaire d'un mastère Image Processing obtenu à l'Université de Nice et d'un doctorat en sciences informatiques décroche à l'Université catholique de Louvain en Belgique.
Réagissant à cette démission, le chef du Cabinet du Président de la République, Imed Daïmi, a précisé dans un entretien accordé hier à la radio privée Mosaïque FM que la décision d'Ayoub Messaoudi n'a aucune relation directe avec l'annulation du discours du président de la République qui était prévu jeudi à 20 heures. « La démission n'est aucunement motivée par le report du discours de M. Marzouki. Elle s'expliquerait par les fortes pressions que subissent les conseillers du président », a-t-il fait savoir, tout en indiquant qu'il a demandé au conseiller démissionnaire de « prendre tout son temps avant d'annoncer sa décision finale en toute sérénité et loin de toute forme de pression».
Discours reporté et non pas annulé
En ce qui concerne les raisons de l'annulation du discours du Président de la République, M. Daïmi a déclaré que cette décision a été prise par Marzouki personnellement après des consultations avec ses conseillers. « Le discours a été reporté à une date ultérieure et non pas annulé. Nous souhaitons que ce discours apporte des réponses aux interrogations des citoyens », a-t-il souligné, évoquant une « crise réelle au sein de l'exécutif tunisien ».
M. Daïmi a , toutefois, jugé normal que des litiges éclatent entre la Présidence de la république et le gouvernement autour des prérogatives de chaque institution raison du manque de traditions en matière d'alliances politiques.
A noter que le gouvernement a été la cible privilégiée des critiques formulées ces dernières semaines par les lieutenants de Marzouki. Chawki Abid, conseiller économique à Carthage, avait mis en doute, début juin, l'efficacité de la politique économique adoptée par le gouvernement. Le porte-parole officiel de la présidence, Adnene Mancer, a , quant à lui, appelé le gouvernement qui ne fait pas assez d'efforts, selon lui, pour empêcher la libération des symboles de l'ancien régime accusés de corruption. En réaction aux critiques adressées par ses conseillers au gouvernement, Marzouki avait publiquement considéré leurs propos comme une «adolescence politique».