Plus de 1000 personnes ont observé, hier, un sit-in à la Kasbah. Les sit-inneurs dont la majorité sont des anciens prisonniers politiques ont demandé l'application de l'amnistie législative générale ainsi que l'indemnisation des préjudices subis par les prisonniers politiques. Des anciens détenus politiques, des familles de prisonniers politiques et des associations de défense de droits de l'Homme étaient présents pour revendiquer leur droit à une vie digne et mettant fin à la politique de la marginalisation et de l'oubli.
«Notre dignité réside dans la mise en vigueur du décret-loi de l'amnistie générale», «On n'accepte pas les surenchères», « M. Jebali activez l'amnistie législative générale », ont scandé les protestataires décidés à ne pas partir avant de rencontrer le chef du Gouvernement en personne.
Une demande aussitôt réalisée et concrétisée sur le champ car les manifestants ont eu droit à une brève rencontre avec Hamadi Jebali qui les croisait en rentrant d'une conférence de presse. Juste après la rencontre avec le chef du Gouvernement, les manifestants ont décidé de quitter les lieux tant que « l'affaire est réglée ». Le Temps a contacté le Premier ministère dans l'ordre de savoir les détails de la discussion entamée entre Hamadi Jebali et les représentants des sit-inneurs. « Je ne peux pas vous répondre dans l'immédiat car la rencontre n'a pas été programmée et a été brève et spontanée. Je peux quand-même vous confirmer que le Premier ministre a assuré les manifestants que l'affaire de l'amnistie législative générale sera réglée dans les plus brefs délais et de même pour l'indemnisation des préjudices subis par les prisonniers politiques », répond un représentant du ministère. Il a ajouté que la discussion, qui a été filmée et diffusée par la chaine de télévision Qatari Al jazeera, geste bien appréciée de la part des sit-inneurs qui ont fini par rompre leur sit-in et rentrer chez eux.
L'après-midi, place aux enseignants
Avant de quitter les lieux, les prisonniers politiques ont cédé leur place à d'autres manifestants : les enseignants vacataires. Ces derniers qui ont déclenché un mouvement de protestation depuis longtemps ont décidé de camper à la Kasbah jusqu'à la régularisation de leurs situations. « Le recrutement n'est pas une faveur », « Notre droit est de travailler dans des conditions favorables », « Non pour l'exploitation, oui pour le recrutement », ont scandé les enseignants vacataires ou contractuels d'établissements scolaires. Vers 15h, la place de la Kasbah était pleine à craquer. Les manifestants ont été catégoriques. « Nous n'allons pas partir avant de rencontrer Hamadi Jebali ». Selon les enseignants présents, le chef du Gouvernement est le seul capable de trancher le nœud gordien. « Nous avons vécu des années de marginalisation marquées par l'exploitation non légitime ainsi qu'un salaire dérisoire qui ne dépasse pas 220dt. Aujourd'hui, nous sommes venus revendiquer notre droit à un vrai recrutement qui répond à tous les critères. A priori, Hamadi Jebali est le premier décideur dans les affaires de la Tunisie et des Tunisiens. Pour cela, nous allons tout faire pour le rencontrer et lui faire part de nos situations », criaient les manifestants venus nombreux avec leurs familles et des représentants de la société civile.
Comme ont dit nos anciens, un bonheur n'arrive jamais deux fois alors que dire de deux rencontres avec le chef du Gouvernement dans la même journée ! Evidemment, les manifestants de l'après midi n'ont pas eu le privilège de leurs homologues de la matinée. 17h passées, les enseignants ont commencé à quitter les lieux en affirmant que ce n'est pas fini et que le mouvement de protestation continuera...