Quatre instrumentistes français et leur chef d'orchestre japonais Makoto Yabouki ont tenu en haleine le public, certes, peu nombreux mais très attentionné, mardi dernier au Festival International de Hammamet au cours d'une soirée où le bambou était roi. Le bambou sous toutes ses facettes dans un spectacle scénographié pour donner une image non figée de cette plante métamorphosée en instrument de musique. Makoto Yabouki est l'initiateur de ce projet qu'il a créé en 1993 au Japon. C'est lui-même qui fabrique ses instruments en bambou et compose une originale. A Marseille où il a débarqué en 1994, il révèle l'instrument qui séduit certains jeunes musiciens. Et c'est là que l'aventure commence.
Un véritable laboratoire sonore se crée, où l'artiste japonais et son groupe de musiciens français, expérimentent, inventent et mettent en scène des créations musicales qui séduisent petit à petit un public de plus en plus large. Le bambou crée un véritable choc sonore grâce aux harmonies qu'il dégage. Outre le côté musical, le groupe a fait une démonstration de la capacité scénographique contemporaine liée à une réflexion sur les préoccupations actuelles sur la protection de l'environnement et la place de l'homme dans la nature. Une idée que défend bec et ongles Makoto Yabouki.
Le public de Hammamet a pu donc découvrir la nouvelle création du Bamboo Orchestra « Un jour ils ont rencontré un bambou », un spectacle où s'entremêlent des rythmes nouveaux. « Jusque là le bambou, comme instrument musical, n'a jamais été utilisé comme percussion. C'est moi qui en ai eu l'idée », explique Makoto Yakoubi. Les rythmes sont tantôt doux et apaisants et tantôt énergiques et pimentés. Chaque morceau a sa spécificité et aucun ne ressemble à l'autre. L'orchestre en harmonie offre une performance scénique absolument formidable allant jusqu'à s'introduire à travers les spectateurs pour les séduire davantage et leur créer la surprise.
Durant deux heures, le Bamboo Orchestra a proposé des tableaux pleins de sensations et d'émotions et permis au public de découvrir à travers les sonorités de l'instrument le message qu'il renferme celui de l'amour de la planète et de la nature ainsi que la communication entre les hommes. Un moment assez exceptionnel. Le seul regret, le public que Makoto Yakoubi aurait voulu plus nombreux.