Les réfugiés de Choucha, au sud de la Tunisie, comptaient par milliers au lendemain de la Révolution. Malgré le retour d'un bon nombre à leurs pays d'origine, d'autres sont restés jusqu'à ce jour en Tunisie, s'étant presque adaptés aux caractéristiques climatiques et aux habitudes socio-culturelles de notre pays. D'où vient l'initiative prise par la direction du Festival de Boukornine à rendre hommage à ces réfugiés qui semblent s'installer définitivement chez nous en l'absence d'actions humanitaires visant à les rapatrier. L'idée de rendre hommage à ces réfugiés remonte aux premiers mois après la Révolution, lors d'une visite de madame Salma Baccar, cinéaste tunisienne, dans les camps des réfugiés de Choucha en vue d'une animation culturelle et distractive. C'est alors que des talents de musiciens ont été découverts parmi les personnes réfugiées des différentes nationalités. Huit
réfugiés ont été donc sélectionnés pour participer à cette soirée baptisée « Fleurs de sable », un spectacle de Mounir Troudi qui a eu lieu mardi 07 août au Festival de Boukornine.
Ils sont originaires du Cameroun, du Soudan, d'Erythrée, du Pakistan, d'Ethiopie, du Mali, de Côte-d'Ivoire et de Somalie. « Ça fait plus d'un an et demi qu'ils sont chez nous, annonça Leila Toubel, directrice du Festival, au début de la soirée, ils ont eu le courage et la volonté de participer à cette soirée qui rend hommage à tous les réfugiés du camp de Choucha ; cette initiative revient essentiellement à Selma Baccar qui a déniché ces talents lors de sa visite au sud tunisien, il y a quelques mois, pour qu'ils animent ce spectacle. »
La scène fut cédée d'abord à Mounir Troudi, chanteur de jazz tunisien originaire du Kef, qui présenta une série de ces chansons les plus connues du public qui s'inspirent de la chanson bédouine des profondeurs de la Tunisie, qu'il associe à des musiques modernes (blues, jazz, rock, reggae et parfois électro), un de ces genres de musique qui ont émergé récemment en Tunisie. Il débita ces fameux tubes « Wechi », « Assess », « Zhar », « Hamma » et d'autres morceaux qui chantent l'homme, la paix, l'amour, la révolution... Il accompagna ses chansons par des mouvements rythmés de danse populaire.
Vint ensuite le tour des invités, sept Africains et une Pakistanaise, qui ont animé la suite de la soirée. Le commencement fut marqué par une chanson collective portant comme titre : « Salam Salam Tunisie », chantée en chœur en anglais et en français. La suite de la soirée fut meublée par des chansons africaines accompagnées de danses autochtones, créant ainsi une certaine ambiance parmi le public dont la présence était, à vrai dire, peu nombreuse !