Il a plu fort dans l'après-midi de vendredi dernier à Sousse, à tel point qu'on avait craint l'annulation du spectacle prévu dans la programmation du festival de la Médina. Mais le temps s'était amélioré progressivement, rendant la soirée très agréable. C'est dans le cadre de Dar Echaraa qu'a eu lieu le concert «Raga makam» de l'ensemble dirigé par Khaled Ben Yahia. Ils étaient dix musiciens sur scène. A droite, ont pris place Khaled Ben Yahia (luth), Riadh Ben Amor (violon), Nabil Abdelmoula (flûte), Lassaâd Hosni (bendir) et Lotfi Soua (tabla hindoue). A gauche, quatre «monchidines» ont pris siège. Au milieu, le célèbre cithariste hindou, originaire de Calcutta, Ashoke Potaké, était assis à même la scène. Devant une assistance nombreuse, le concert débuta avec un morceau instrumental, sur le mode «raga» du cithariste de la soirée. A suivi un second morceau, toujours instrumental, composé par Khaled Ben Yahia. Au cours de ce passage, nous avions pu apprécier le talent du flûtiste Nabil Abdelmoula et du violoniste Riadh Ben Amor. Juste après, Mounir Troudi, invité de la soirée, intervint avec une vocalise. Retour ensuite à l'instrumental où Khaled Ben Yahia et Ashoke Potaké ont emballé l'assistance par un véritable dialogue entre luth et cithare hindoue. Mounir Troudi enchaîna avec un «ibtihel», au cours duquel la percussion s'est bien fait entendre. Au tour suivant, l'artiste hindou nous gratifia d'un morceau intitulé «Dadra», où les autres instrumentistes l'accompagnèrent avec brio. Mounir Troudi poursuivit en interprétant trois chants soufis intitulés «Tawassel li mawlek», «Sidi el karim» «Mawlana salli we sallam» avec une voix d'une rare limpidité. Puis il ajouta un passage de «adhène», nous rappelant l'Egyptien Mohamed Kahlaoui et le grand Sabah Fakhri. C'est avec une composition instrumentale du duo Khaled Ben Yahia-Ashoke Potaké sur le mode tunisien «mezmoum» que se clôtura ce concert qui dura une heure quarante minutes. En somme, ce spectacle a constitué un véritable amalgame entre musiques hindoue et tuniso-orientale. C'était un aspect du dialogue des civilisations par une musique qui demeure universelle.