Après sa confrontation pendant 6 heures avec le général Ammar, Messaoudi sera réentendu le 30 août prochain. L'affaire Messaoudi prend de l'ampleur au fil des jours, des évènements et des réactions plutôt virulentes, suite aux déclarations de l'ancien conseiller à la présidence de la République, qui accuse de complot contre l'Etat, le ministre de la défense, Abdelkrim Zbidi et le général Rachid Ammar.
Elle a éclaté le 28 juin dernier, à la suite de la démission du conseiller en question a déclaré à une chaîne de télévision locale, que « Rachid Ammar et son ministre étaient au courant de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi, sans en aviser le président de la République », ajoutant que « l'opération s'est déroulée à l'aéroport militaire d'El Aouina, en présence du chef d'Etat major libyen et toujours à l'insu de Marzouki. »
Ayoub Messaoudi avait, ditú-il, recommandé en vain, au président de la République de mettre fin aux fonctions du ministre de la défense. Ce qui l'avait incité à présenter sa démission.
Ayoub Messaoudi ajouta que pour le prix de son silence sur cette affaire Mahmoudi, on lui proposa de hauts postes administratifs, ce qu'il a catégoriquement refusé, toujours d'après ses dires.
Le ministère de la défense crie à la diffamation !
La réaction du ministère de la défense ne se fit pas attendre : il déposa plainte contre le conseiller démissionnaire, pour diffamation, auprès du tribunal militaire.
Interdit de quitter le territoire, puis convoqué par le juge d'instruction, Ayoub Messaoudi comparut dernièrement devant le juge d'instruction, près le tribunal militaire pour une confrontation avec le général Ammar pendant plusieurs heures, au bout desquelles, il resta libre, sans pour autant que l'interdiction de quitter le territoire ne soit levée. Il sera réentendu par le même juge d'instruction le 30 août prochain.
Lorsque la vérité devient diffamation
Ayoub Messaoudi, était tenu par l'obligation de réserve, tant qu'il était en fonction à son poste de conseiller à la présidence de la République.
Toutefois, les révélations qu'il a faites aux médias, ont eu lieu après sa démission, et il était de ce fait libre de tout engagement et de tout lien de nature à l'obliger à observer une quelconque réserve.
Il a été de ce fait accusé d'atteinte à la dignité de l'armée.
Cette accusation pourrait aboutir dans la mesure où Ayoub Messaoudi aurait rapporté des ragots. Mais si ces déclarations s'avéraient être prouvées, il n'aura dit que la vérité. Et il n'y a que la vérité qui blesse.
Cette procédure n'aura été qu'une manœuvre pour l'empêcher de dire la vérité.
C'est la raison pour laquelle, cette accusation a suscité de vives réactions parmi les composantes de la société civile, dont khémaïs Ksila, élu de l'assemblée constituante, Oum zied ( Neziha Rjiba) militante des droits de l'Homme, ainsi que Radhia Nasraoui membre du collectif d'avocats de la défense qui ont participé à la manifestation de soutien à l'accusé.
Ils ont été unanimes à déclarer que cette affaire constitue une atteinte inadmissible à la liberté d'expression.
Depuis le 14 janvier 2011, plus rien ne doit contrevenir à la liberté d'expression qui a été étouffée pendant plus d'un demi siècle, sous l'emprise d'une Tunisie supposée être libre et souveraine depuis 1956, et pour laquelle, plusieurs ont payé de leur sang et de leur vie.