Escarmouches entre syndicalistes et usagers des moyens de transport public rassemblés devant le siège de l'UGTT Des délinquants s'attaquent à des voitures de particuliers à la cité Intilaka-Ettadhamen Le conducteur du bus impliqué dans l'accident de la circulation à l'origine de la grève, libéré
Le Grand Tunis a été paralysé, hier, par une grève impromptue dans les transports publics qui a provoqué des violences devant le siège de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), en plein centre ville, et dans certaines banlieues de la capitale. Les agents de la Société des transports de Tunis (Transtu), dont les métros et les autobus desservent les quatre gouvernorats qui constituent le Grand Tunis, ont débrayé pour réclamer la libération d'un de leurs collègues arrêté mardi à la suite d'un accident de la circulation. "Nous avons entamé une grève dès mardi soir pour protester contre l'arrestation abusive d'un chauffeur de bus à la suite d'une altercation avec une femme, dont il a légèrement percuté la voiture. Il n' y avait eu ni dégâts corporels, ni dégâts matériels importants nécessitant la mise en garde à vue de notre collègue"; précise un membre du syndicat de base du personnel de la Transtu. Le ministère du Transport a, quant à lui, jugé le mouvement de débrayage "illégal", dans la mesure où aucun préavis de grève n'a été déposé comme le stipulent les lois en vigueur. "Sans préavis, les agents ont décidé d'entrer dans une grève illimitée jusqu'à la libération de leur collègue, c'est une grève illégale", a déclaré le porte-parole du ministère des Transports Mohamed Chemli.
Les agents du tramway reliant Tunis- à La Goulette et La Marsa (TGM) ont repris leur travail vers le coup de 7h 45. Les autres ont, toutefois, refusé de suspendre leur grève, occasionnant une paralysie quasi-totale dans le Grand Tunis. Pris au dépourvu, des centaines de milliers de citoyens sont restés bloqués au niveau des stations de bus et de métros. Sous l'emprise de la colère, certains usagers des moyens des transports publics ont tenté de bloquer les routes alors que d'autres ont empêché des bus privés de passer.
A la cité Intilaka, des groupes de délinquants se sont attaqué, selon des sources sécuritaires, à des voitures sur la route reliant cette banlieue populaire à Tunis. " Des jeunes en colère mêlés à des délinquants ont brisé les vitres de certaines voitures. Un véritable chaos a régné pendant quelques heures", raconte Ahmed Saïdani, un ouvrier rencontré à la station du métro de la cité Intilaka-Ettadhamen.
Protestations devant le siège de l'UGTT
Près de 200 usagers des moyens de transport publics se sont; d'autre part, rassemblés devant le siège de l'UGTT, à la Place Mohamed Ali, pour crier leur colère contre cette grève sauvage. Ils ont notamment scandé des slogans hostiles à la principale organisation syndicale du pays qu'ils ont accusé de "vouloir brûler le pays" et de s'"adonner à des règlements de comptes politiques sur le dos des ouvriers et des couches défavorisées de la société". Certains protestataires ont jeté des projectiles sur les locaux de l'organisation. Des escarmouches ont ainsi éclaté entre des syndicalistes et des usagers des moyens de transport publics en colère. Des syndicalistes ont été, ensuite, appelés à la rescousse pour sécuriser le siège de la centrale syndicale. La police est intervenue pour disperser les protestataires et empêcher des heurts violents entre les deux camps.
Des dirigeants syndicalistes ont dénoncé la violence comme une "provocation commanditée", qui tombe à quelques jours du lancement de l'initiative du dialogue national par l'UGTT.
"La grève des agents de la Transtu n'est pas la première en son genre. Les attaques contre les locaux de l'UGTT constituent une provocation dont le timing est inopportun", souligne le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Sami Tahri. Et d'ajouter : " cette provocation viserait à faire échouer le dialogue national qui doit aboutir à l'établissement d'un calendrier électoral".
Le secrétaire général adjoint de l'Union régionale du travail de Tunis, Habib Jerjir, a, quant à lui, déclaré que "les protestataires sont téléguidés par certains partis au pouvoir".
La grève a été déclenchée par l'arrestation d'un chauffeur de bus à la suite d'une altercation avec une femme, dont il a percuté la voiture. Cette dame a affirmé que le conducteur du bus l'a agressée verbalement, elle et son accompagnateur, puis physiquement. Il a, même utilisé, selon elle, le bus pour foncer sur son véhicule. La conductrice a porté plainte pour insultes et violence.
Le conducteur du bus affirme, quant à lui, qu'il a été agressé suite à une collision avec un autre véhicule par un accompagnateur de la conductrice. Il a indiqué qu'il a été arrêté quand il s'est présenté au poste de police pour déposer plainte.