Le secteur de la pêche offre plusieurs raisons de satisfaction en terme de recettes de devises, de production et de création d'emplois. Toutefois, avec l'exacerbation de la concurrence à l'échelle internationale, les exigences de plus en plus sévères du côté de l'Europe, notre principal marché, il est plus que nécessaire d'investir dans la modernisation à tous les niveaux. De nouvelles décisions ont été prises, la semaine dernière, par le Chef de l'Etat en vue d'imprimer un nouvel élan au développement de ce secteur. C'est l'objet du point de presse organisé, hier par M. Mohamed Habib Haddad, ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques. Dans le monde la production de poissons s'élève à 140 millions de tonnes dont 95 millions provenant de la mer et 45 millions de l'aquaculture et la pisciculture. En Méditerranée la production totale est de 1, 9 million de tonnes dont 1, 5 provenant de la mer. En Tunisie la production est en moyenne de 100 000 tonnes, dont seulement 3% sont cultivés Les produits de la mer représentent 17% des exportations agricoles, lesquelles, à leur tour, pèsent 10% dans les exportations du pays. Après l'huile d'olive, l'exportation de poissons vient en seconde position. Le secteur de la pêche et de l'aquaculture emploie 100 mille personnes, soit 16% de la population active. Les investissements ont enregistré une croissance de 16% entre 2005 et 2006. Les investissements privés sont passés de 32 millions de dinars en 2005 à 37 millions de dinars en 2006. Le ministre de l'Agriculture devait rappeler l'objectif des décisions prises en le résumant dans « le nécessaire renforcement de notre positionnement sur le marché mondial ». Ce sont des mesures arrêtées à la première année du 11ème Plan, avec une vision stratégique à long terme, globale et touchant le secteur dans ses différentes composantes. D'autres mesures ont été déjà prises pour le secteur, comme la promulgation de lois organisant la pêche et le contrôle utilisant des techniques modernes comme les satellites pour repérer le positionnement des navires de pêche.
Mise à niveau engagée Des incitations spécifiques ont été arrêtées pour encourager la pêche dans les régions du nord, la pêche de poissons bleus ainsi que la mise à niveau du secteur. L'encadrement des professionnels et des équipementiers a touché leur endettement qui a été revu. La recherche scientifique a été encouragée en engageant plus de compétences et en mettant à leur disposition les moyens nécessaires. La mise à niveau des différentes composantes du secteur a été engagée. Elle a touché les ports, le parc, le transport, la transformation des produits et les marchés de gros. Le réseau des ports a été renforcé par la construction de nouveaux et l'entretien des anciens. Ainsi la production a assuré un « saut qualitatif », dira en substance le ministre, avec une moyenne de 103 000 tonnes durant le dixième Plan, alors que durant les années 60 à 64 on était à 21 000 tonnes. En 2006 on s'attend à 180 000 tonnes. La consommation individuelle a augmenté pour atteindre 9,7 kg par an en 2006. Les prix, annonce le ministre, sont modérés. Ils sont de l'ordre de 1,1 dinar le kg pour le poisson bleu et de 3,9 dinars pour le poisson des eaux profondes. A Bir El Kassaâ, le prix moyen du poisson a été de 2,6 dinars le kg en 2005.
Techniciens encouragés Les dernières décisions visent le développement de l'aquaculture et la pisciculture en projetant la création de 27 projets durant la prochaine décennie avec des investissements globaux du secteur privé s'élevant à 51 millions de dinars, une production de 105 mille tonnes en 2016 et une exportation pour 25 millions de dinars. Ces projets identifiés bénéficieront des avantages fiscaux, au cas par cas, avec exonération des intrants des droits de douane et de la TVA. L'Etat supportera 40% des frais d'étude quand le projet aboutit, avec un plafond de 40 000 dinars. Les techniciens seront encouragés à pratiquer la culture du poisson dans les barrages ainsi que l'utilisation des sources géothermiques dans le sud.
Protéger la mer Dans le chapitre protection de notre richesse en poissons, un plan a été arrêté pour couvrir 1000 unités de pêche par des moyens de contrôle satellitaires. Une stratégie nationale est arrêtée pour protéger et enrichir les zones en danger comme le Golfe de Gabès. Le ministre n'a pas manqué de rappeler l'opération de faire couler 8 anciens navires de pêche au large de Kerkena et Skhira. Deux mille obstacles artificiels ont été mis en place. Les techniques de pêche sélective sont encouragées. L'option est prise pour axer la pêche sur le poisson bleu avec la construction de 40 navires supplémentaires pour atteindre une production de 70 000 tonnes en 2011. Un programme est arrêté pour la mise à niveau des unités de transformation. Une étude globale pour l'avenir du secteur est décidée. Elle permettra de dégager de nouvelles voies pour son développement.