Sur les hauteurs de Carthage et Sidi Bou Said, les musiques classique et néo-traditionnelle prennent des ailes. En effet, deux manifestations d'envergure : Musiqat et l'Octobre Musical de Carthage font revivre deux espaces mythiques Le Palais du Baron d'Erlanger baptisé Ennejma Ezzahra et La Cathédrale Saint-Louis devenu il y a une vingtaine d'années Acropolium.
Musiqat n'a que 7 ans d'existence et pourtant il a réussi à attirer des grands noms de la musique traditionnelle et néo-traditionnelle. Depuis sa création en 2006, il n'a cessé de promouvoir ce genre de musique authentique enracinée dans différentes régions souvent oubliées ou marginalisées. Il a permis au public de découvrir des genres musicaux dont il est peu habitué et qui sont quasi absents de notre paysage audiovisuel et même culturel.
Cette année Musiqat célèbre le 20ème anniversaire du Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes. A cette occasion, il a reprogrammé, pour le bonheur des mélomanes, des artistes de haut talent à l'instar d'Alim Kasimov d'Azerbaidjan, de Monajat Yulchieva d'Ouzbékistan. D'autres sommités sont passées pour la première fois comme George Zamfir de Roumanie Juan José Mosalini d'Argentine mais aussi Uxia de la Galicie, Kakoli Sengupta d'Inde et Ahmadallah Rouicha du Maroc sans oublier Sofiane Zaidi de Tunisie et son interprétation singulière du répertoire de la confrérie Azzouzia.
Dans un tout autre registre, l'Octobre Musical de Carthage, dont c'est la 19ème édition, propose une musique de chambre qui exalte les mérites des prestigieux compositeurs occidentaux comme Mozart, Bach, Berlioz et autres. Chaque année, il réconcilie le public avec cette musique en invitant des duos ou des trios souvent inédits sous nos cieux. Toutefois, exception faite, cette fois-ci, c'est le Fado portugais qui a inauguré la session. Ce qui semble n'avoir pas gêné les puristes. Au contraire, ils ont apprécié cette ouverture sur d'autres formes d'expressions musicales.
Outre, les pays européens comme la France, la Pologne, Espagne, Italie, Wallonie Bruxelles, Pays-Bas, Autriche etc. Un pays comme l'Argentine participe pour la première fois à cette manifestation, créera-t-il la surprise ? En tout cas, d'autres pays comme la Tchéquie, le Canada ou le Japon présenteront à travers leurs artistes des réarrangements nouveaux et créatifs qui s'accommodent avec l'air du temps. Place ici aussi à la découverte de morceaux de musique peu connus perdus dans le flot des musiques de variété.
Tout l'intérêt de ces deux manifestations est qu'elles apportent une fraîcheur sur la scène culturelle en mettant l'accent sur d'autres réalités musicales perdues et qui sont repêchées et rendues visibles. Le public, qui oscille entre 200 et 500 spectateurs, est toujours émerveillé face à ces voyages musicaux que lui procurent savamment Musiqat et l'Octobre musical de Carthage. Pourvu que ça dure !