*Lutte contre la désertification*Palmeraies, oasis, Deglet Nour : vocation revalorisée C'est un village un peu mythique. Tout le monde a déjà entendu parler de Rejim Mâatoug, mais très peu d'entre nous ont osé y aller. Normal ! Pour s'y rendre, il faut parcourir des kilomètres et des kilomètres en plein désert du Sahara. Et tout au long du chemin, on se demande si on y arrivera un jour. Le village de Rejim Mâatoug s'est tout de même fait connaître, ces dernières années, pour son projet innovateur de mise en valeur de son oasis. Le gouvernement a investi des milliers de dinars pour enrichir les terres agricoles, lutter contre la désertification et aider la population locale. 1152 hectares de palmeraies ont d'abord été aménagés au cours des années 1990. Quatre autres oasis de 1100 hectares devraient voir le jour d'ici 2009.
La plantation de ces palmeraies a évidemment donné un bon coup de pouce à la population locale. Une très grande partie des villageois vivent maintenant de la culture des dattes : les fameuses Deglet Nour. Environ 20 000 tonnes sont d'ailleurs produites annuellement dans la région.
En plus de cette initiative, le projet de mise en valeur de Rejim Mâatoug a permis d'aménager une ceinture verte de 25 kilomètres de long. Il s'agit là, d'une mesure importante pour lutter contre la désertification et qui a été supervisée par l'armée. Dans cette partie du pays, le désert du Sahara gagnait de plus en plus du terrain. On craignait, à plus ou moins long terme, de voir Rejim Mâatoug disparaître sous les sables.
Habitations Avec toutes ces mesures, le petit village de 1 500 âmes a réussi à renaître. Les troupes des forces armées ont construit des habitations pour mieux loger les villageois. De nombreuses familles ont ainsi pu prendre racine dans la région. C'est notamment le cas de Aïcha et de son mari.
Il y a trois ans, Aïcha a quitté sa Kibylie natale pour aller s'installer à Rejim Mâatoug. Grâce à l'Office du développement régional, elle a pu bénéficier d'un programme d'aide aux familles. À vrai dire, elle a obtenu du financement sous forme de bétail. « On nous a donné quelques chèvres et des moutons pour réussir à vivre », explique la jeune femme de 33 ans. « J'élève maintenant mes animaux pour que je puisse les revendre. Avec l'argent, j'aimerais bien m'acheter une petite villa à Kibylie », ajoute-t-elle.
Même si Aïcha rêve de retourner auprès de sa famille, elle se dit très heureuse à Rejim Mâatoug. Elle mène une vie pas trop stressante. Tous les jours, elle va couper du bois, cueillir des plantes sauvages et s'occupe de son jardin. Et elle espère avoir des enfants prochainement. Quant à son mari, il est l'un des chanceux à faire des travaux de maçonnerie à l'office régional. Il gagne ainsi 200 dinars par mois. C'est assez pour vivre aisément là-bas.
Malheureusement, ce ne sont pas tous les villageois de Rejim Mâatoug qui s'en tirent aussi bien. Mouldi et sa famille connaissent, eux, des temps plus difficiles. L'homme dans la quarantaine, originaire de Faouar, est sans emploi. « Il y a quelques mois, j'ai fait une demande pour bénéficier du programme gouvernemental, mais je n'ai toujours pas reçu de réponses », raconte-t-il. Entre-temps, il doit donc se débrouiller en faisant des petits travaux pour nourrir sa femme et ses quatre enfants. Il parvient à avoir quelques dinars dans ses poches en vendant du bois et en faisant de la maçonnerie. Mouldi garde espoir qu'il aura bientôt de bonnes nouvelles pour améliorer son niveau de vie. C'est ce que nous lui souhaitons pour 2007.